Le volan Ijen se trouve tout à l’est de l’île de Java. Nous avons préféré nous y rendre en ferry depuis Bali que de se battre contre les courants en remontant le détroit entre Java et Bali pour la suite de notre voyage.
Il est 22h30, une voiture vient nous chercher à notre mouillage. Après les bains chauds j’espérais que les enfants feraient une sieste dans la voiture, mais ils sont si excités qu’ils passeront leur première nuit blanche, à part Timeo qui s’endormira deux petites demi-heures.
Traversée en ferry
Vers minuit nous entrons dans le ferry, c’est plein de voitures, de cars et de camions, à tel point qu’on se croirait en heure de pointe. Nous comptons 5 docks à ferry, tous sont en pleine ébullition à remplir les ferrys au maximum. Les prochains ferrys sont déjà en attente non loin des docks. C’est impressionnant pour l’heure.
Nous sortons de l’auto et nous rendons sur la passerelle pour les regarder remplir le ferry. Les cars sont parqués si proches les uns des autres qu’on arrive à toucher 2 cars de la même main en écartant les doigts ! Cyliane me dit que la sortie vaut la peine rien que pour le ferry !
La traversée n’est pas très longue, par contre l’attente de la place à un dock est assez longue, il y a tant de ferrys en attente.
Sur l’île de Java
Une fois sur l’île de Java nous reculons nos montres d’une heure. Notre chauffeur traverse la ville où nous passons devant plusieurs mosquées. Nous retrouvons l’Indonésie qu’on connait, apparemment l’hindouisme se limite à Bali.
En bordure de la ville, la route se met déjà à grimper le flanc du volcan. Nous arrivons à destination avec presque une heure d’avance car les ranger ouvrent l’accès au sentier à 2 heures du matin. Tout est prévu, notre chauffeur nous dépose devant une buvette où l’on nous sert des boissons chaudes et des bananes frites.
Il fait froid, même très froid, nous sommes à 1850m d’altitude. Plusieurs vendeurs passent pour vendre des gants, bonnets et vestes. Comme conseillé, nous nous sommes habillés en couches, malgré ça nous nous réjouissons d’entamer la montée car sur place il fait froid.
Chaque groupe doit avoir un guide pour se rendre au volcan, le nôtre nous rejoint et nous remet les masques à gaz et lampes frontales.
Grimpée jusqu’au bord du cratère
La montée jusqu’au bord du cratère fait 3km avec une dénivellation de 540m, ensuite il faudra descendre dans le cratère.
A 2h du matin nous commençons la montée. Notre guide nous explique que le premier tiers est plat, nous dirons que c’est un gros faux-plat qui monte pas mal. Le second tiers grimpe assez fort et le dernier est assez plat.
Nous sommes plusieurs centaines de personnes à grimper à la lueur des lampes frontales. Le sentier est couvert d’une bonne couche de cendres qui vole partout. Si c’était à refaire je prendrais des masques en papier car ça vole partout, dans la bouche, le nez… Alors nous essayons de garder une petite distance avec les gens devant nous, mais nous sommes si nombreux et il faut se dépêcher pour ne pas arriver trop tard sinon nous ne verrons pas les feux bleus.
Dans le cratère
Au bout 1h30 nous arrivons en haut du cratère. Nous voyons une file de lampes frontales qui descend dans le cratère. Nous rejoignons la file et commençons notre descente. Le petit sentier passe entre et sur des rochers, recouvert de peu de cendres, c’est très glissant. Souvent nous nous agrippons aux rochers afin de descendre sans tomber. La cadence reste rapide, devant et derrière nous, nous sentons que ça pousse, tous sont pressés pour y arriver à temps.
Après 45 minutes de descente nous y sommes enfin arrivés. C’est le moment de mettre les masques à gaz.
Les feux bleus
A plusieurs endroits il y a des bassins remplis de petites flames bleues. Ça rappelle le potager à gaz en XXXL, sauf que là c’est un liquide qui brûle. Les gens se mettent en bordure des feux afin que leurs guides les prennent en photo, nous faisons pareil.
La fumée qui s’échappe de ces feux est un gaz très acide. Au moment où nous sommes tous les 5 accroupis voilà qu’un coup de vent arrive du sens opposé, poussant les gaz contre nous. C’est horrible, ça pique les yeux et la gorge, c’est comme si nous ne portions pas de masque à gaz. Il nous est impossible de rester en position et nous fuyons tous loin du gaz quelques mètres plus loin.
A peine que nous nous sommes éloignés voilà que le vent pousse les gaz loin de nous. Nous voudrions y retourner pour faire la photo, mais les enfants refusent tous les trois. Stéphane et moi retournons tous deux pour faire quelques images et là le vent ne nous joue pas de sale coup.
Remontée du cratère
De plus en plus de monde arrive au fond du cratère et le jour commence à pointer, nous entamons la remontée. La grimpée sur ces roches est plus facile que la descente par contre tant de monde descend qu’il est difficile de se croiser et nous passons beaucoup de temps à attendre une brèche pour avancer de quelques mètres.
Tous sont pressés d’arriver en bas avant qu’il ne fasse trop clair, mais nous savons qu’ils sont déjà trop tard et ça nous attriste pour eux. Nous nous demandons pourquoi les rangers n’ouvrent pas le sentier une heure plus tôt, ça rendrait la visite bien moins pénible, car le plus pénible de la montée est la cadence à tenir.
Le soleil s’est levé alors que nous sommes à moitié dans le cratère. De toute manière nous ne l’aurions pas vu du haut non plus car il est caché par une montagne.
Il y a plusieurs points de vue le long du chemin d’où nous voyons bien le lac qui est d’un bleu très spécial. L’endroit et spectaculaire.
Les mineurs de l’or du Diable
Les mineurs sont actifs dans le cratère, nous en croisons qui descendent ou montent et devons leur laisser la priorité.
Ces gens font un travail de fou. Souvent sans masque par faute de moyen financiers, avec juste un bout d’étoffe devant le nez, ils vont en bordure du lac où le volcan est encore actif pour y remplir leurs deux paniers de souffre.
Leurs deux paniers pleins pèsent dans les 70-90kg. Ils sont attachés à un bois qu’ils posent en équilibre sur leur épaule pour grimper en haut du cratère puis pour descendre jusqu’au parking avant de remonter une seconde fois pour une autre cargaison. En bref ils font le même chemin que nous.
Le souffre est appelé l’or du Diable par les mineurs. Or à cause de sa couleur jaune et du revenu qu’il leur amène, le Diable car ils sacrifient leur santé pour le récolter. De par le poids qu’ils portent sur leurs épaules, qui est plus que leur propre poids, les problèmes de dos, d’épaules et de jambes arrivent très vite. L’un des mineurs m’a montré son épaule, complètement déformée, c’est affreux, j’ai mal pour eux. Puis s’ajoute l’air qu’ils respirent dans le cratère qui est très acide et rempli de fumées toxiques.
Les mineurs ont beaucoup de problèmes de santé et ne peuvent faire ce travail pendant de longues années. Souvent ce sont leurs fils qui reprennent le flambeau pour soutenir leurs pères qui ne peuvent plus travailler à cause de leur santé. Apparemment ce travail leur rapporterait un salaire de 10-15 US$ par jour !
Ijen est l’un des rares endroits au monde où le souffre est encore récolté à la main. Le souffre est majoritairement utilisé pour les produits de beauté ainsi que pour la fabrication d’allumettes, celui d’Ijen est également utilisé pour blanchir le sucre.
Les mineurs demandent de l’argent pour se faire photographier et certains vendent du souffre qu’ils ont fait couler dans des formes. C’est avec plaisir que nous avons acheté un peu de souffre (en plus de tout le souffre qu’on trouve parterre) et qu’on a payé pour prendre des photos, ça donne l’impression de les soutenir un petit peu. Si chaque touriste fait ce geste, ils s’épargnent quelques voyages.
Descente du volcan
Les charrettes qui attendaient en bas du sentier à 2h du matin se trouvent à présent en bordure du cratère. Leurs « pousseurs » attendant des clients qui ne veulent pas marcher. Nous apprendrons par la suite que dans certains pays asiatiques, la culture veut qu’on ne marche pas quand on a les moyens de payer.
Un peu plus bas nous nous mettons en bord de chemin pour laisser passer les charrettes. Beaucoup d’asiatiques sont affalés, certains les yeux rivés sur leurs smartphones d’autres en train de dormir ! La montée et la descente de ce sentier n’est pas vraiment une partie de plaisir, nous admirons les pousseurs de ces charrettes et nous demandons comment ils font pour monter leurs clients, ça doit être très pénible.
Le sentier caillouteux est recouvert de plusieurs centimètres de cendre, ce qui rend la descente glissante. Parfois notre guide nous attrape par le bras pour nous empêcher de tomber, mais à part Stéphane, chacun de nous s’est retrouvé parterre au moins une fois. A un moment notre guide nous attrape et se met à dévaler la pente à une vitesse bien trop vite. Nous glissions chacun notre tour à tout moment mais accrochés les uns aux autres, personne ne tombe et ça nous fait bien rire.
Retour
Après avoir secoué nos habits pour nous débarrasser un maximum des cendres, nous nous affalons morts de fatigue dans la voiture. Bains extra chauds suivi d’une nuit blanche où nous grimpons en haut d’un volcan pour redescendre dans son cratère, c’est épuisant ! Mais l’aventure si extraordinaire que nous sommes tous encore dans l’excitation, seul Timeo s’endort.
Nous ne sommes pas encore en bas du flanc du volcan que notre chauffeur s’arrête vers un restaurant pour qu’on puisse y prendre notre petit déjeuner ! Ça tombe bien, nous commençons à avoir faim ! Surprise, le restaurant n’a pas de menu déjeuner européen ou américain, c’est la carte des repas normaux, riz, viande, poisson…. Nous optons tous pour un Nasi Goreng, le reste ne nous enchantant pas trop à cette heure matinale.
Le retour en ferry est autant bondé qu’à l’aller. Cette fois, nous restons vautrés dans la voiture pour somnoler un peu, nous sommes tous les 5 KO.