A la recherche de Saphirs

 

Nous voilà enfin dans la région des saphirs ! Anakie, Sapphire, The Gemfields & Rubyvale sont les noms des différents lieux de la région où l’on trouve des saphirs partout, même sur le sol. C’est ce qu’on nous a raconté et nous pouvons que le confirmer !

En chemin pour Sapphire

 

 Qu’est-ce qu’un saphir ?

En tant qu’européens n’y connaissant pas grand-chose aux pierres précieuses, nous croyions à tort que les saphirs étaient bleus. En fait les saphirs ont plein de couleurs différentes, vert, jaune, bleu et même rouge, mais les saphirs rouges portent aussi le nom de rubis. Donc un rubis est un saphir de couleur rouge. Les saphirs bleus foncés sont ceux qui ont le plus de valeur. Il y a aussi des saphirs étoilés, ceux qu’on a trouvés ont de couleur entre le doré et l’argenté avec plein de lignes en étoile, d’où leur nom.

Le saphir est la seconde pierre la plus dure avec une dureté de 9, le diamant étant la pierre la plus dure avec une dureté de 10. Comme le diamant, le saphir est translucide mais comme il est coloré et surtout s’il est foncé il faut regarder en mettant la pierre devant une source lumineuse. Les locaux utilisent souvent le nom « verre » quand ils parlent de saphir, car c’est comme du verre.

En fait, pour simplifier l’explication de cette pierre, le saphir est du verre qui a été fabriqué par un volcan. Il y a quand même pas mal de différences entre du verre de fabrication humaine et un saphir, même les propriétés chimiques sont différentes. Pour des ignorants comme moi, si je trouve un petit bout de verre ou de saphir, il m’est difficile de voir la différence, mais pour les gens de là-bas, la différence leur saute aux yeux.

Pour nous rendre à la mine nous traversons le tropique du capricorne, sous le regard des chameaux

 

 

Visite de la mine

Après nous être installés pour passer une semaine au camping, nous nous rendons à la mine conseillée par le tenancier du camping. Il y a tant de mines et de petites entreprises qui proposent des sceaux pour fouiller qu’on ne savait pas trop chez qui nous rendre.



Nous arrivons juste après un petit groupe. Elaine la gérante nous accueille et nous propose d’acheter un sceau pour apprendre à chercher les saphirs en attendant que le guide fasse le tour à l’autre groupe. Nous nous amusons à nettoyer les gravats, les secouer puis les retourner sur la table pour chercher les pierres qui brillent. Nous avons trouvé plusieurs saphirs, un saphir étoilé (fissuré) et un zircon pour un total de 57.8 carats ! 5 carats faisant 1 gramme. Il est à savoir qu’un zircon reflète 2x plus la lumière qu’un diamant, mais la pierre est moins dure.


C’est à notre tour de descendre dans la mine. Notre guide est un vrai mineur, il a ça dans le sang et ça rend la visite très vivante. Pour une raison qui nous est inconnue, nous n’avons pas le droit de photographier dans la mine, sauf à une place. Nous n’avons pas non plus le droit de toucher les murs, car il y a un peu d’arsenic dans les murs (d’ailleurs j’en ai eu trouvé dans nos sceaux de la rivière, ça ressemblait à un gravât fait de pâte verdâtre) !

 

Cours de « fossicking »


Elina et moi retournons chez Elaine le lendemain matin pour faire un petit cours pour apprendre où fouiller le sol pour chercher les saphirs et les règles à respecter.

C’est le même mineur qui nous accompagne le long du ruisseau sec. Peu de temps auparavant l’eau a coulé dans le ruisseau ce qui est une chance car les saphirs se déplacent. Nous voyons des trous d’autres qui ont fouillé et il nous montre les erreurs à ne pas faire (mauvais endroits, trous non rebouchés…).

Suivant ses conseils nous creusons à un endroit à l’arrière de deux grosses pierres volcaniques arrondies contenant beaucoup de fer qu’ils appellent Billy boulders. Nous remplissons nos 3 sceaux, qu’on amène en bordure de chemin où nous attend Elaine avec la voiture.

Nous recommençons à nettoyer nos gravats comme le jour d’avant. Quand les gravats sont secs j’ai tendance à trouver les saphirs plus facilement, car mouillés, tout brille. Les gravats sont souvent entourés de terre ou sédiments, ce pourquoi nous les nettoyons. Certains ont l’œil pour les repérer même mouillés, Elina et moi nous préférons attendre que ça sèche pour être certains d’avoir tout trouvé. Ça prend un peu plus de temps mais c’est sympa.

Il fait dans les 40°C, il est plus ou moins midi. Nous avons passé que la moitié de nos sceaux et je commence à me sentir mal. L’air est très sèche, nous buvons beaucoup mais le soleil tape, car c’est au soleil que nous faisons ce travail afin d’avoir la meilleure lumière. Je demande à Elaine si nous pouvons revenir le lendemain matin pour finir nos sceaux. Bien sûr, elle nous les met de côté en sécurité.

Avant de rentrer, nous passons chez Elaine avec ce que nous avons trouvé pour savoir ce qu’on a déjà trouvé, car parfois il nous arrive de confondre un quartz avec un zircon ou saphir. Nous avons un total de 102.65 carats, dont quelques-uns assez gros, le plus gros saphir est assez foncé et est composé de 3 couleurs différentes, il fait 12.8ct, suivi d’un saphir vert de 11.05ct qui a malheureusement quelques fissures à l’intérieur. Nous avons aussi de jolis spécimens de 9.5ct, de 8.1ct, 6.65ct et 4.9ct.

Le lendemain je suis retournée avec Stéphane finir nos sceaux. Nous avons trouvé en tout 60.85 ct dont 2 saphirs un peu plus gros de 8.85ct et 8.7ct.

Ça parait beaucoup et pour nous ça a une grande valeur, mais c’est une valeur sentimentale car nous les avons trouvés nous-même. Malheureusement nos saphirs ne doivent pas valoir grand-chose. Ils sont trop petits pour être taillés et les plus gros n’ont pas la bonne forme. Certains n’ont pas la couleur qui a de la valeur, d’autres ont des fissures. On pourrait essayer de les polir, si c’est bien fait le plus gros pourrait selon Elaine avoir une valeur entre 500-1000 AU$. Après avoir vu un saphir bleu foncé taillé de plusieurs carats à 600 AU$, je doute de la valeur que nous a dit Elaine pour notre saphir.


 

Fouilles sous notre licence

Nous profitons de nos « vacances » pour fouiller un peu le sol, j’ai donc organisé une licence pour toute la famille. Le camping a aussi un coin pour laver les gravats et ils nous mettent le matériel à disposition.

En premier nous retournons dans la rivière où nous avions creusé avec le mineur. Il nous avait dit de remettre une grosse pierre au fond afin qu’on sache jusqu’où nous avions creusé. Elina et moi avions même recouvert un peu les Billy boulders espérant que personne ne viendrait fouiller.

A peine 6-7 heures après notre premier passage, quelqu’un avait malheureusement déjà creusé au même endroit. Notre grosse pierre étant à côté et la personne n’a même pas rebouché les trous. Sachant que c’est contre les règles et que ça énervait notre guide, nous sommes presque certains que ce n’était pas lui. Nous avons quand même rempli 3 sceaux à cet endroit plus un ailleurs dans la rivière.

Nous passons le sceau pris ailleurs dans la rivière au peigne fin sans rien trouver et commençons un second sceau sans avoir plus de succès. Comme il commence à faire sombre, je range mes sceaux un peu cachés derrière les barriques d’eau de nettoyage. Le camping étant vide, il n’y a pas grand monde et nous sommes les seuls à utiliser le coin pour les saphirs.

Notre vie au camp !

 

Vol ou échange de sceaux

Le lendemain je retourne pour finir mes sceaux. Je suis surprise de trouver un des sceaux vide. Les autres sceaux n’ont pas le même contenu que les sceaux provenant du même endroit que nous avons fini de trier chez Elaine quelques heures auparavant.

Soit on nous a échangé le contenu des sceaux, soit la personne qui a creusé après nous a un peu rempli le trou avec un autre contenu, mais j’en doute.

Cette histoire est bizarre, j’ai demandé au tenancier du camping et au jardinier, personne n’avait vu que j’avais laissé des sceaux. A part nous et un couple, il y a seulement 2 caravanes qui sont des résidents du camping. Par contre la partie « fossicking » est accessible depuis la route par un portail.

D’un côté ça nous fait rire car nous sommes persuadés qu’il n’y avait rien d’intéressant dans nos sceaux. De l’autre, on se rend compte que les histoires de mineurs qu’on nous conte sont bien réels.

Apparemment à l’époque où l’on trouvait encore beaucoup de Saphirs, la région était celle du pays où le plus de gens « disparaissaient ». Encore au jour d’aujourd’hui les régions de petites mines c’est la loi du Far West. Si l’un ne respecte pas les règles, il est emmené au bord d’un trou pour lui faire « apprendre les règles ».

Les animaux au camping, un joli Lorriket (perroquet) se trouve 3 branches au-dessus de Timeo

 

Dans la rivière


Toute la semaine il fait dans les 40°C, il fait chaud. Nous avons la chance qu’il y a encore un peu d’eau dans la rivière juste derrière le camping à 50m de notre caravane. Ce n’est pas profond, mais on peut s’y coucher dedans et se laisser masser par le courant.

J’ai pris l’habitude d’y passer quelques heures à fouiller. Je m’assieds dans l’eau et creuse récupérant le gravier dans les tamis. Quelques petits poissons viennent fouiller dans mon trou ou s’amusent à picorer ma peau un peu comme les poissons nettoyeurs qu’on voit dans les aquariums où les gens vont faire nettoyer leurs pieds. C’est très reposant et c’est un moment que j’apprécie beaucoup.

Je croise des gens, des promeneurs, des familles qui viennent se baigner ou d’autres qui comme moi s’amusent à chercher des saphirs. Les enfants viennent parfois s’amuser vers moi et Timeo aime chercher de l’or, car nous avons trouvé plein de paillettes, mais c’est malheureusement du faux or. Ça y ressemble mais c’est un autre matériau.

J’ai trouvé quelques petits saphirs et zircons, ceux-là me rendent encore plus fiers car je les ai trouvés sans aucune aide.

 

Des saphirs partout

Le lapidary club, le club des tailleurs et polisseurs de pierres

On nous avait conté que dans cette région il suffisait de regarder parterre pour trouver des saphirs. Le mineur nous a dit qu’il faut toujours marcher en regardant le sol. Il nous a d’ailleurs raconté qu’à chaque fois qu’ils font des travaux sur les routes, à peine les machines à l’arrêt, plusieurs mineurs se promènent sur le chantier à scruter le sol et ils trouvent des saphirs. On a trouvé ces histoires assez dingues.

Un jour nous avons visité le club des tailleurs et polisseurs de pierres. Deux fois par semaine ils se retrouvent et ils payent un forfait pour l’utilisation des machines. Chacun fait ses bricolages et profitent d’apprendre par ceux qui savent faire. Nous y avons d’ailleurs croisé 2 suisses et une française qui habitent la région !

Alors qu’ils étaient en pause-café, je suis allée me promener. Je m’assieds à l’ombre au pied d’un poteau et que vois-je briller parterre ? Un saphir ! Ces histoires sont donc véridiques, c’est incroyable.

 

La vie des mineurs

La vie de mineurs n’est pas faite pour tout le monde. Passer quelques jours à grailler des graviers pour avoir le plaisir de trouver quelques « verres » n’est pas du tout comparable à la vie que vivent les mineurs.

Ils passent leurs journées dans leurs trous à creuser, remonter des sceaux (à l’aide de machines) puis de les trier. La confiance n’est pas facile entre-eux, certains préférant travailler seuls, d’autres ont une personne de confiance qui fait le tri pendant qu’ils sont au fond de la mine.

C’est pareil pour la taille ou le polissage des pierres, ils ne peuvent pas les donner à n’importe qui. Ils ont chacun leur personne de confiance.

Ils peuvent passer des semaines et des mois sans rien trouver de valeur. Puis ils trouvent une ou deux pierres qui comble l’argent manqué tout ce temps, mais d’abord il faut la faire tailler/polir ensuite il faut trouver un acheteur.

Ils vivent très modestement car ils ne sont pas riches du tout. Ils payent leur droit de mine qui est une petite parcelle de quelques mètres carrés (au NSW c’est 50x50m) à un prix bon marché. Souvent ils y installent une caravane et des hangars faits de matériaux récupérés et c’est là qu’ils vivent.

Comme ailleurs en Australie, la vie sociale se passe au pub. C’est là qu’ils vendent leurs pierres.

Entre Sapphire et Carnarvon Gorges

 

Suite : Carnarvon Gorges