Roma Saleyard : Centre de vente de bétail


Nous voyons passer pas mal de camions transportant du bétail et Roma abrite le plus grand centre de vente de bétail de l’hémisphère sud. On s’y rend !

Nous arrivons en même temps que des camions amenant du bétail. Avant même de nous rendre au centre d’interprétation (le musée), nous allons voir le bétail.

 

Les cages

Le centre est énorme, il doit y avoir plus d’une centaine de cages collées les unes aux autres. Elles sont en lignes sur plusieurs centaines de mètres. Il y a de petites passerelles qui longent les cages et une grande passerelle publique qui traverse toutes les lignes de cages jusqu’à la balance.

Nous nous promenons sur la passerelle et regardons le bétail arriver depuis les camions. Des employés ouvrent et ferment des portes pour faire passer le bétail d’un endroit à un autre.

Depuis la balance nous avons un bon point de vue sur l’un des carrousels, et nous passons pas mal de temps à les regarder trier les lots de bétail. Une personne est en haut du carrousel, ouvre et ferme les portails pour amener l’animal à aller dans le compartiment désiré. Tout se passe vite et nous prenons plaisir à découvrir ça.


Brochure du Saleyard, avec sa photo vue du haut, on peut imaginer la grandeur du centre par rapport à celui des 2 « road train » (camions à 3 remorques) qui sont en train de décharger à la droite de l’image.

 

Le déchargement

On se rend vers l’arrivée des camions pour voir comment ils déchargent les 150-200 têtes de bétail entassé sur 2 étages dans les 3 remorques du road train en quelques minutes.

Le système est tout simple, le chauffeur du camion ouvre les portes entre les remorques ce qui transforme les 3 remorques en un long couloir. Une porte latérale à l’avant est ouverte juste en face d’une rampe. Le bétail sort des deux étages en même temps.

Le camion est déchargé en quelques minutes, ensuite le chauffeur referme les portes et va laver son camion à la station de nettoyage à quelques mètres de là.

 

Le bétail

Ce sont surtout des jeunes bœufs qui sont amenés, ils vont être vendus à d’autres fermes où ils seront engraissés. Mais il y a aussi quelques vaches, veaux et même quelques rares chevaux.

Le bétail australien n’est pas habitué à l’humain. Quand on s’approche des cages, les bêtes vont se réfugier au fond des cages, elles ont peur. Elles passent la plus grande partie de leur vie dans la nature, des champs XXL ou parfois les fermiers utilisent l’hélicoptère pour pouvoir les regrouper.

Les seuls contacts avec l’humain c’est lorsqu’ils reçoivent leur tag dans l’oreille puis lors de leur transport et des ventes. Même là le contact n’est pas le même que celui que nos fermiers ont en Europe. Il y a pas mal de rampes dans les champs, les fermiers mettent des barrières pour que la rampe soit comme l’embout d’un entonnoir. Avec des motos, quads ou autre, les fermiers poussent le bétail dans la bonne direction et il finit sur le camion.

 

La vente aux enchères

Nous prolongeons notre séjour à Roma pour nous rendre à la vente aux enchère le lendemain matin.

Beaucoup de cages sont pleines, le site grouille de monde. Les acheteurs se promènent entre les cages, les vendeurs, ou plutôt les agents qui s’occupent de vendre le bétail de leurs clients, se déplacent sur les petites passerelles qui longent les cages. Les touristes sont assez nombreux sur la grande passerelle, juste au-dessus des acheteurs.

La vente aux enchères est juste incroyable, ça bouge partout, ça crie, les commissaires-priseurs parlent si vite qu’il est impossible de comprendre quoi que ce soit. On étudie les acheteurs, on ne voit rien, une seule et unique fois j’ai vu un homme lever un doigt. Pourtant les enchères montent très vite, à côté de l’agent commissaire-priseur, une personne crie et montre du doigt dès que quelqu’un a fait monter l’enchère.

Le bétail est vendu à quelques centimes par kilo de poids vivant. Il est vendu en lot, souvent une dizaine de têtes. Il arrive parfois que l’acheteur ne veut pas l’une ou l’autre des têtes, alors ces animaux sont marqués à la peinture, l’un des agent possédant un rouleau accroché à une longue perche. Puis la vente de ces quelques bêtes se fait de suite.

Chaque bovin a un tag dans l’oreille, un genre de grosse boucle d’oreille qui est un chip contenant toutes les informations de l’animal. Les agents à l’aide du lecteur de chip accroché au bout d’une longue perche notent quelles sont les têtes vendues séparément.

Il y a une vente par semaine. Ce matin ils ont vendu 6'012 têtes de bétail, c’est une petite vente car ils ont une capacité de 12'000 têtes par jour de vente.

Malgré que ce soit une « petite » vente, nous sommes surpris du déroulement du tout, l’organisation est au top. Toutes ces têtes de bétail qui sont déplacés en même temps sans se mélanger, c’est juste incroyable.

 

Le pesage

Alors que la vente continue cage par cage, les animaux vendus sont déplacés assez rapidement à la balance. Des gens ouvrent et ferment les portes pour créer des couloirs, certains sont à cheval pour se déplacer plus vite le long de ces longs couloirs.

Le bétail arrive lot par lot et est poussé sur la balance qui une fois tout le lot dessus, se ferme comme une cage. Sur un grand écran nous pouvons voir le poids total et le poids moyen par tête.

 

Faits amusants 

La vente record a été 14'000 têtes de bétail en un jour.

Le plus gros taureau vendu pesait environ 1’400kg. Les taureaux sont généralement vendus pour la reproduction et peuvent être vendus à plus de 5'000 AU$ par tête.

Les bœufs pèsent en moyenne 560kg et produisent environ 56% de leur poids, ça fait environ 308kg de viande.

Un bovin a un estomac qui contient 4 compartiments digestifs. Il peut boire l’équivalent d’une baignoire pleine d’eau et manger 2-5% de son poids en un jour.

 

Engraissement au « power food »

La plupart des bœufs vendus lors de cette vente partent dans des fermes d’engraissement. Leur viande sera vendue dans les supermarchés comme viande à moindre coût.

Nous apprenons que ces fermes d’engraissements utilisent du « power food » pour nourrir leur bétail. Si les bœufs ne sont pas amenés à la boucherie dans un certain nombre de mois, ils meurent !  La nourriture amenant tant d’énergie à ces animaux, qui n’ont plus une grande liberté pour courir comme avant, fait surchauffer leur corps, c’est ce qui les tue.

Pensez à présent de ce qu’il y a dans la viande « de supermarché »* qu’on mange. On sait que les antibiotiques pris par les animaux finissent dans nos assiettes, qu’en est-il de ce « power food » ?  Et si c’est la manière de faire en Australie, c’est certainement aussi le cas dans une bonne partie du reste du monde.

* J’ai mis « de supermarché » entre guillemets car j’imagine qu’on puisse trouver de la viande engraissée au power food également ailleurs, mais aussi que certains supermarchés pourraient acheter de la viande qui n’a pas été engraissée comme ça.

 

Une vache met bas

Alors que nous regardons la vente, juste derrière nous de l’autre côté de la passerelle une vache a mis bas. Des promeneurs attirent notre attention pour que les enfants puissent voir le veau qui essaye de se mettre debout.

La vache a l’air d’avoir été séparée du reste de son lot juste avant d’avoir mis bas, elle est seule avec son veau dans une cage. Une naissance au Saleyard n’est pas une bonne idée, la vache et son veau ne peuvent pas être vendus pendant une semaine. Le fermier qui vendait sa vache a le choix entre les faire revenir chez lui à ses frais ou de les laisser là-bas une semaine jusqu’à la prochaine vente également à ses frais.

Une fermière était à côté de nous lorsqu’on regardait le petit veau. Elle nous expliquait qu’elle espérait acheter le veau en douce. Après coup elle nous annoncera que l’agent a refusé, c’est les règles.

 

Vidéo 

Voici notre vidéo de nos deux visites au centre de vente de bovins. Le déplacement des vaches étant un peu ennuyeux j’ai fait passer ces parties en marche rapide. Par contre la vente est à la bonne vitesse, même si on a l’impression que le maître-priseur parle 3x trop vite.



Suite : Anniversaire entre Roma et Lightenig Ridge