Pendant les 8 jours que durent notre séjour à Bohay Dulang, je décide un jour de prendre la navette, organisée par le rallye, pour me rendre à Semporna y faire l’approvisionnement de produits frais et chercher l’un de nos colis. Je m’y rends seule car les places sont limitées et la navette est pleine.
Hélices et plastique
Nous traversons le récif puis approchons la terre ferme à toute vitesse.
L’eau est parsemée de plastique. A plusieurs reprises le bateau s’arrête, ils
doivent monter les moteurs pour y enlever les sacs et autre qui se sont pris
dans les hélices, puis on repart. Ce qui était dans les hélices et rejeté à
l’eau, pour eux c’est quelque chose de totalement normal.
On arrive dans le chenal, d’un côté il y a un village sur pilotis de
l’autre la ville, des hôtels et des restaurants. On se faufile dans des canaux
pour arriver à un ponton où l’on nous dépose.
Plage en coquillages
En arrivant on a vu une plage faite de coquillages. On m’explique que c’est l’endroit où les locaux viennent décortiquer les coquillages pour les vendre au marché et que d’année en année la plage s’est bien agrandie.
Je m’y rends pour y jeter un coup d’œil. Plusieurs femmes sont en train
de casser des coquillages, des bateaux arrivent avec de nouvelles récoltes.
Effectivement, le sol se compose uniquement de coquilles entassées. Je me
demande combien de millions d’animaux sont sous mes pieds.
Marché de poissons et crustacés
Je pars seule faire mes achats, je cherche le marché de fruits & légumes et je tombe sur le marché de poissons et crustacés que je visite. Je suis dégoûtée, déjà que je ne mange pas beaucoup de fruits de mer, la visite de ce marché me coupe l’envie d’en remanger.
La plupart des animaux sont maintenus en vie dans des conditions
pitoyables. Pour eux c’est le moyen de garder la nourriture fraîche, pour moi ce
sont des animaux en souffrance. Beaucoup sont posés dans des récipients avec
très peu d’eau, parfois en plein soleil. Certains animaux sont sur le dos en
train de gigoter pour essayer de se retourner. D’autres sont posés entre les
récipients hors de l’eau et agonisent le temps que quelqu’un les remette à
l’eau.
Il y a même des poissons-pierre, des vrais, ceux dont la piqûre est mortelle. Eux aussi sont posés dans des baquets qui n’ont même pas assez d’eau pour les couvrir en entier.
Il y a pas mal de crevettes-mantes, un animal ressemblant entre une
crevette et une langouste, qui dans son milieu naturel se cache dans des
cavités. Ces crevettes sont aussi appelées crevettes-boxeur car l’une de ses
pinces peut générer une force équivalente à celle d’un coup de poing de boxeur
humain ou également crevette-pistolet car sa vitesse de frappe peut atteindre
23 mètres par seconde. Dans des aquariums inappropriés, elles peuvent briser la
vitre. Dans certains stands, pour éviter tout problème ils ont fendu des
bouteilles PET et enfermé un animal dans chaque bouteille. C’est tout
simplement écœurant, pauvres bêtes. Je m’empresse de me rendre au marché des
poissons, là au moins les animaux ne souffrent plus mais je suis attristée d’y trouver
des poissons porc-épic.
Puis je finis par faire ce dont j’étais venue faire à Semporna.
La ville la plus laide du pays
Alors qu’on se réjouissait de venir ici, car Semporna est la porte d’entrée de sites de plongée d’exception, nous sommes très déçus par cette ville que nous trouvons la plus laide du pays. Nous ne nous y sentons pas à l’aise non plus. C’est sale, rien à comparer avec les autres villes en Asie qui sont parfois aussi sales, surtout aux alentours des marchés. Surnomée la Venise de Bornéo à cause de ses ombreux canaux, elle n’a rien d’autre en commun avec la ville italienne. D’ailleurs je réaliserai après-coup que je n’ai pas vraiment fait de photos de l’intérieur de la ville.
Il y a beaucoup de pauvreté, c’est plein de gens, surtout des gamins,
qui quémandent près du débarcadère des bateaux et qui font les poubelles. Nous
ferons plusieurs haltes à Semporna et leur laisserons des biscuits et autre
nourriture. Apparemment il s’agirait à nouveau des fameux illégaux philippins,
qui selon d’autres sources serait ce peuple de gitan des mers qui n’ont aucune
nationalité, un peuple sans pays comme il en existe plusieurs dans les pays
alentours.
Moi qui pensais repérer pour Elina, vu que le plus beau site de plongée
du pays est juste à côté, c’est négatif. Ce n’est pas l’endroit où une jeune
fille peut aller habiter quelques mois.