C’est la première fois que le rallie s’arrête à Tuaran. Le mouillage est dans la rivière, juste en face du Mont Kinabalu. Avec ses 4095m d’altitude, c’est la plus haute montagne de la Malaisie et de l’île de Bornéo.
Nous devons entrer dans la
rivière juste avant la marée haute pour passer le banc de sable. Notre flotte y
pénètre entre 6h30 et 8h00 du matin. Quelques locaux sont là avec leurs bateaux
de pêche pour nous accompagner au passage du banc. Nous avons 2.5m d’eau à
l’endroit le moins profond, étant bientôt pleine lune nous avons une grande
marée haute.
Les locaux essayent de nous
montrer où ancrer sans savoir comment les bateaux bougent, car les monocoques
et les catamarans ne se comportent pas pareil à l’ancre. Certains suivent leurs
instructions, d’autres comme nous ancrent selon leurs habitudes. Nous ne
pouvons pas aller loin dans la rivière car il y a un pont, seul les 2 bateaux
moteurs de notre flotte peuvent passer dessous pour aller ancrer de l’autre
côté. C’est un peu serré mais chacun a gardé un peu de distance.
Au bord des deux côtés de
la rivière il y a quelques villages ou hameaux sur pilotis, quelques
passerelles sur pilotis et quelques plateformes de pêche. Un bateau est en
construction sur la plage. Notre hôte est DJ, ses deux femmes possèdent des
restaurants, l’une d’un côté et l’autre de l’autre côté de la rivière.
Nous passons la journée sur
OLENA vacant à des tâches de maintenance, je révise les winchs alors que
Stéphane bricole de l’autre côté du bateau.
Mouillage chaotique et collision
Nous surveillons les mouvements des bateaux. 6 heures sur 12 le courant de la marée est contraire au vent. Nous sommes surpris de voir que tous les bateaux se mettent à prendre de la vitesse et à tourner un peu partout dans le rayon autour de leur ancre, parfois deux bateaux se heurtant presque au bout de leur rayon dans un sens opposé. C’est presque incompréhensible car normalement nos chaînes sont toutes tendues dans le même sens à cause du vent ou du courant, mais là, on voit 2 catamarans partir assez vite sur la droite alors que deux autres partent sur la gauche.
Par moment nous sommes très
proches de LIDA GIRL, puis nous voilà tout proche de WOODAN, les hongkonais KEALOHA,
qui ont déjà réancré plusieurs fois, sont régulièrement tout proche. Puis voilà
que WIRRAWAY stoppe à 2m de nous. Depuis quelques heures on a des sueurs
froides sans avoir de collision, mais Stéphane est déjà en train de sortir un
pare-battage, et heureusement. WIRRAWAY revient vers nous la pointe contre
nous. Gary à l’avant et moi sur le côté on surveille tous deux crédules, mais
quelque chose me pousse à aller chercher le pare-battage que Stéphane est en
train de sortir et de le maintenir sur notre côté. WIRRAWAY ne s’arrête pas, il
nous fonce dedans mais par une énorme chance, sa pointe est plus haute que le
bord de notre bateau et passe juste au-dessous de notre filière. L’avant du
bateau pousse notre filet et nos cagnards (bâches sur le côté pour empêcher les
vagues de gicler le cockpit), Gary et moi séparant les bateaux pour éviter de
plier la barre qui tient les filières. Nous n’avons rien, aucune griffe, aucune
casse, juste un peu de couleur sur notre cagnard mais ça, ce n’est pas grave.
Sur l’image du collage en
haut à droite, tout à droite c’est OLENA, le monocoque bordeaux deuxième depuis
la droite c’est WIRRAWAY. La distance entre deux a pourtant l’air d’être
grande.
Heureusement le courant
change avant le souper officiel, le courant et le vent étant de la même
direction, les chaînes des bateaux ont tendance à toutes être dans le même sens,
nous pouvons être tranquilles pour la soirée.
Souper officiel, une soirée
mémorable
Nous sommes accueillis à Sabah (le département du nord de Bornéo où l’on se trouve) par un souper officiel avec des membres du gouvernement de Sabah. Il a lieu dans le restaurant de l’une des femmes de notre hôte, juste à côté du pont.
Le ponton pour annexes donne accès direct au restaurant qui est sur pilotis au bord de la rivière. De nombreuses tables rondes sont dressées, certaines un peu plus belles pour les nombreux VIP de cette soirée. Nous sommes tous accueillis à bras ouverts. A peine arrivés ils nous amènent des bassines de glace avec quelques bières et 2 soft drinks de cola local. C’est la bonne surprise pour la plupart des membres du rallie, car Bornéo et le nord de la côte est de la péninsule étant plus musulmane, on y trouve peu de restaurants qui servent de l’alcool, à Brunei l’alcool étant même interdite. Nous sommes priés d’aller nous servir au buffet de snaks. Il y a quelques snaks d’apéro, des ailes de poulets délicieuses, et des petites pâtisseries. C’est marrant, l’apéro et le dessert est servi en même temps.
Alors que nous voulions nous asseoir à une table, Sazli, notre GO, est venu prendre Stéphane et Dave pour les asseoir à une table avec le ministre et d’autres membres du gouvernement. Les deux passeront toute la soirée a une table séparée de leurs famille et enfants, c’est les deux papas des seuls bateaux d’enfants présents à Tuaran. Mais nous sommes juste à côté et passons une superbe soirée tout comme eux.
Nous avons droit à des danses de lions. Ils sont 2 dans le déguisement et ils donnent un vrai caractère au lion qui cligne des paupières, réagit, c’est un peu comme de voir un dessin animé en vrai, c’est vraiment drôle. Parfois la personne à l’arrière soulève celle de devant et la maintient sur sa tête alors que tous deux continuent de danser, le lion étant debout sur les pattes arrières. C’est impressionnant et très plaisant.
Ils ont même fait la danse Magunatip entre les bâtons de bambou, une spécialité ici. Ça rappelle un peu le jeu à l’élastique, mais c’est un peu plus compliqué. Il y a 6 bâtons, 6 personnes en tiennent les bouts et les déplacent de gauche à droite en les claquant ensemble au rythme de la musique, alors que le rythme accélère sans cesse. Le ou les danseurs se trouvent entre les bâtons et dansent sans se faire coincer les chevilles par les bâtons.
Plus tard nous avons droit aux danses d’homes et de femmes en tenues traditionnelles (ah bein voilà, pour moi c’était ça la Malaisie et non pas les hijabs qu’on voit sur quasiment toutes les malaisiennes).
Des hommes et des femmes dansent la danse de bambou Magunatip, la danse des guerriers Murut, un peuple local. Puis voilà qu’ils nous donnent l’occasion d’essayer cette danse. Ici le partage passe beaucoup par la danse.
Pendant la soirée le buffet est servi et à ma bonne surprise, à part deux plats, rien n’est épicé au piment. Le manger est délicieux. Nous passons une superbe soirée, pleine de rires, de surprises, de rencontres et de nouvelles connaissances locales. Nous avons eu beaucoup de très belles soirées lors du rallie, mais je pense qu’on peut dire que c’est la meilleure. Il y a beaucoup de monde, presque tous du rallie sont là, un bateau ayant participé à deux précédents rallies est là également ainsi que James, le propriétaire de la marina Pangkor.