On se fait chasser de Hoga


Après un peu plus de 48h de navigation nous arrivons dans un petit atoll près de l’île de Hoga.

Nos amis passés quelques semaines avant nous nous ont donné les coordonnées d’un guide sur place. Nous n’avons pas besoin de le contacter car il se tient près de la passe et nous suit jusqu’à l’ancrage où il vient se présenter.


Après un peu de repos nous décidons d’aller visiter le village sur pilotis. Avant même de le contacter voilà que notre guide vient nous proposer un tour en snorkeling. Nous préférons visiter le village, il nous y emmène.

 

Village sur pilotis


Une fois sur place il nous fait attendre l’aval du chef du village. Puis il nous invite à suivre une femme et nous dit que la visite nous coutera 100'000 rupiah (6 CHF), nous sommes surpris car nous savons que tous nos amis passés avant nous n’ont rien eu à payer. Sachant que nous nous faisons arnaquer, Stéphane se met sur la défense, quant à moi j’ai vraiment envie de visiter ce village et lui dit que ce n’est que 6.- pour nous. Mais nous savons bien que 100'000 rupia c’est le salaire d’une journée de travail d’un indonésien, donc pas mal d’argent pour eux.

Passant après le rallie de bateaux, nous devons souvent passer à la caisse. Les américains avec leur culture de pourboires, qui jettent les billets de 100'000 rupia par-ci par-là, font monter les prix. Pour eux c’est peu d’argent, mais pour les locaux c’est beaucoup d’argent et ils changent vite leur regard sur nous. Quelque temps plus tard des plaisanciers nous raconteront combien ils ont aimé ce village et que chacun a donné 100'000.- après avoir fait la visite.

 

Eruptions cutanées

Tous les enfants qui nous entourent ont des éruptions cutanées, certains adultes également, ils se couvrent le visage et des parties de corps avec de la poudre blanche. Alors que nous attendons de pouvoir faire la visite, le guide nous parle de ces éruptions cutanées. Apparemment ils ne savent pas ce que c’est. Ça ressemble pas mal à la varicelle.

Plus tard j’en parlerai avec nos amis passés un mois avant nous, ils ont aussi vu ces problèmes de peau et ne pensent pas qu’il s’agisse de varicelle. Serait-ce dû à la saleté de l’eau ?

 

Visite du village


Nous suivons la femme « guide » qui ne parle pas un mot d’anglais et ne se donne pas la peine d’essayer de nous expliquer quoi que ce soit. Nous nous arrêtons quand nous voyons des choses intéressantes, elle nous attend mais nous voyons son impatience. Les enfants du village nous suivent en masse, nous sommes l’attraction du jour, voire de la semaine.

Tout le village a été bâti sur l’eau. Il y a plusieurs villages sur pilotis en Indonésie, nous apprenons qu’ainsi ils peuvent construire des maisons sans devoir acheter de terrain. La plupart des maisons sont sur pilotis, mais comme le fond n’est pas profond, par endroits ils ont entassé cailloux et coraux morts pour monter le sol. Ainsi certaines maisons et chemins sont sur terre et nous avons même vu des petits jardins.

Nous passons vers une école où nous sommes surpris de voir des écritures arabes au-dessus des portes de classe. Un jeune m’explique qu’ils apprennent un peu l’arabe à cause de la religion. Un peu plus loin nous passons à côté de la mosquée.


 

Très sale

 

La saleté est l’une des premières choses que nous voyons, l’eau sent mauvais et il y a du plastique partout. Nous imaginons les eaux usées des maisons se vidant directement dans l’eau au-dessous. Quand nous voyons quelques ados sautant à l’eau nous faisons une grimace.

Le guide nous avait proposé un repas au village pour un prix exorbitant (par rapport aux prix locaux), en voyant la saleté le cas est classé, nous n’avons aucune envie de manger quoi que ce soit qui est produit avec on ne sait pas quelle eau de ce village.

Comme partout en Indonésie on voit des gamins boire des boissons colorées dans un sachet en plastique, fermé avec du scotch ou un élastique autour d’une paille en plastique. Un petit garçon d’environ 4 ans finit sa boisson et jette le sachet dans l’eau. Par reflexe je crie « non ». Puis voilà qu’une des dames qui nous suit se met à gronder le gosse et lui tape sur la tête, le gosse la regardant avec de gros yeux sans comprendre ce qui se passe. Apparemment les adultes savent que les étrangers n’aiment pas ça et font semblant devant nous quand on fait la remarque, mais quand nous ne sommes pas là, personne ne leur apprend cela car ils n’ont rien d’organisé pour les déchets. Les bateaux amènent les victuailles très plastifiées mais ne reprennent pas les poubelles. Tout ce qui ne sert plus est jeté à l’eau où nous voyons un peu de tout, même des chaises cassées et autres objets de ménage.

 

On se fait chasser

De retour à notre annexe voilà un type assez agressif qui nous attend sur un petit bateau. Il se dit ranger et nous demande de l’argent, pas mal d’argent. L’endroit serait un parc national.

Nous lui disons n’avoir rien lu de tel dans notre guide de croisière et lui demandons plus d’information. Nous ne trouvons pas de parc national de Hoga dans internet non plus. Il nous parle de Wakatobi, je lui réponds que c’est la région des îles plus au nord, sur quoi il me répond que Hoga en ferait partie.

Aucun de nos amis étant passés là avant nous ont payé quoi que ce soit. Venant déjà de s’être fait arnaquer avec notre aval, nous sommes sur nos gardes et appelons nos amis qui sont actuellement à Wakatobi. Non, ils n’ont rien eu à payer. Nous refusons de payer pensant se faire arnaquer. Le type qui demande une taxe pour le bateau plus une autre plus chère par personne descend son prix en disant qu’on n’a pas besoin de payer pour les enfants. Ce marchandage nous conforte que c’est un escroc.

Comme nous refusons de payer il nous dit de partir de suite. Ah non, le soir tombe et il y a des DCP (dispositifs d’attractions de poissons pour la pêche) partout, c’est dangereux ! Ceci aussi nous conforte dans l’idée que nous ne sommes pas dans un parc national. Le type consent à ce qu’on parte le lendemain matin tôt.

De retour au bateau je cherche dans mon guide de croisière, effectivement en début de chapitre vers Wakatobi ils parlent du parc national dont Hoga fait partie. Comme nous allions à Hoga j’avais seulement lu les infos concernant Hoga où il ne répétait pas l’information. Je cherche le prix du parc, le guide n’en parle pas je ne trouve rien dans internet non plus.

 

Nous quittons Hoga

Le lendemain dès le lever du soleil nous sortons de la passe et nous dirigeons contre l’ouest pour nous rendre dans une baie d’une île faisant partie du groupe d’île de Sulawesi. Nous contournons plusieurs DCP ce qui est pour nous une incompréhension, des DCP dans un parc national. Nous savons que l’Indonésie permet aux villageois vivant dans les parcs nationaux de pêcher, mais les DCP nous surprend.

Nous devons contourner un atoll dont les images satellites me donnent envie. Alors que je suis en train d’étudier une éventuelle possibilité d’y entrer et d’ancrer quelque part (je n’ai aucune info d’ancrage dans mes documents), voilà que Stéphane qui scrute l’atoll aux jumelles me dit qu’il y a un voilier à l’intérieur. Je descends un peu plus au sud sur mes images satellites et oui, j’ai bien un signal AIS d’un voilier étranger.

On se regarde avec la même question dans les yeux. On tente ? Cette-fois nous savons que nous sommes dans le parc national.

 

Dans l’atoll


Stéphane suit ma route que j’ai tracée selon les couleurs que je voyais sur les cartes satellites, essayant de nous faire passer aux endroits les plus profonds de la passe. Il y a peu de profondeur, je suis à l’avant du bateau et Stéphane navigue lentement contrôlant la profondeur. Ça passe, nous sommes entrés.

Nous croisons l’autre voilier qui nous dit que le côté est est mieux pour ancrer et bien pour snorkeler. Ils sortent du lagon.


Nous passons 3 jours tranquilles dans cet atoll, faisant pas mal de snorkeling. Nos amis de PAZZO viennent nous y rejoindre pour quelques jours.

Il y a beaucoup de locaux qui pêchent, nous avons toujours plusieurs petits bateaux non loin de nous, mais personne ne vient nous demander quoi que ce soit.

 

Nous sommes en tord

Juste avant leur départ de Wakatobi un ranger est venu charger les PAZZO du même prix que voulait nous charger le type de Hoga. Ainsi le type à Hoga était un vrai ranger et non pas un escroc, nous étions donc en faute et j’en suis désolée pour le ranger qui essayait de faire son travail. Dans un pays où la corruption est monnaie courante et où certains villageois prennent les bateaux pour des vaches à lait, il n’est pas toujours facile de les différencier.

Nous ne regrettons pas de n’avoir pas payé. Où passe cet argent ? Un parc national avec des DCP et du plastique partout ? L’argent qu’on paye pour les parcs sert généralement pour l’entretient des parcs, là il n’en est rien, aucune bouée, pas d’entretien, aucune réglementation pour la pêche locale.