Bonerate et sa plage d’ordures


Bonerate est une île où ils construisent les gros bateaux en bois, les phinisis, sur la plage. Etant une bonne escale sur notre route, nous nous réjouissons d’aller voir ça.

Des amis passés avant nous nous ont avertis que la pollution était à un niveau encore plus élevé que ce qu’on a vu. Il est fort dommage qu’après notre visite, qu’on retienne plus la plage polluée de plastique que la construction de bateaux.

 

Dégoûtant !


Nous amarrons notre annexe au bout du de la digue, car la marée est descendante. Nous marchons le long de la digue, croisant quelques personnes en vélo ou en scooter. Au bout de la digue au coin de la plage nous voyons un amas d’ordures, apparemment c’est là que les gens du village viennent jeter leurs sacs de déchets. Ils doivent trouver pratique que la marée fait diminuer le tas. Mais quelle vue dégoûtante pour les gens qui arrivent au village, car la plupart y arrivent par la digue.

Nous voyons des bateaux en construction sur la gauche, nous suivons le chemin qui longe la plage pour nous y rendre. Quelques ados nous suivent, rigolant et chuchotant et parfois criant « hello mister ». Depuis le temps nous savons que le « mister » s’adresse à chacun de nous, même moi. Puis voilà que certains nous crient « f * you », on ne se retourne pas mais par habitude on sait que nous avons droit au doigt d’honneur. Apparemment ils voulaient quelque chose, aurait-on dû deviner puisqu’ils n’ont rien demandé ?

Le chemin est fini, nous devons marcher sur la plage ce qui nous dégoûte. Tous ces déchets, on y trouve même des langes, c’est juste dégoutant. Il n’y a pas de mots pour décrire la tristesse et la colère que nous ressentons. En Europe on force les gens à devenir de plus en plus verts ce qui devient de plus en plus cher et difficile et de l’autre côté du globe on n’en a carrément rien à foutre. D’avoir des déchets partout devant sa maison a l’air complètement normal pour eux.

 

Construction de bateau


Les chantiers sont en bord de plage, la construction de plusieurs bateaux a été arrêtée il y a déjà un bon moment, car la nature commence à reprendre ses droits et les jointures entre les planches des coques sont devenues très écartées. Nous supposons que la récente crise y est pour beaucoup.

Un bateau est sur la plage et nous voyons des gens travailler. C’est un bateau en réparation. Un bateau en bois dont la coque a été recouverte de ciment pour le rendre plus étanche. Seulement le bois bouge ce qui fait craquer le ciment et là ils sont en train de mettre du grillage à plusieurs endroits pour y remettre du ciment.

Parmi tous les bateaux en construction nous en découvrons un dont quelqu’un travaille dessus. Un vieux monsieur est en train de remplir les jointures entre les planches et a plaisir de voir qu’on s’intéresse à son travail.

 

Malaise au village


Nous décidons de rebrousser chemin en passant par les rues du village. On voit que pas mal de gens du village ont de l’argent, car une bonne moitié des maisons sont en dur et bien entretenues. Bizarrement entre les belles maisons il y a plein de petits bâtiments en bois dont certains sont bien penchés et vont bientôt s’écrouler.

Quand nous passons devant les maisons nous entendons les femmes crier et accourir en mettant leur hijab pour venir nous voir passer. A force de me sentir comme un singe au zoo alors qu’on passe devant une énième maison où une femme se met à crier pour appeler les voisins je me mets à faire la traduction simultanée à ma famille :

-        Venez voir, venez voir, il y a des blancs qui passent devant la maison, dépêchez-vous pour ne pas les rater !

Mes filles ne sont pas du tout d’accord avec ma traduction, elles me corrigent :

-        Venez voir, venez voir, il y a des poules aux œufs d’or qui passent devant la maison, dépêchez-vous de venir voir s’ils ne laisseraient pas des sous traîner dans leur sillage

On s’arrête devant un magasin qui vend des horloges et morbiers. Ces horloges sont en plastique, comme la plupart des choses. Comme je l’ai expliqué à mes enfants, nous trouvons kitsch tous ces objets en plastique bon marché, mais eux trouvent ça beau et ils trouveraient certainement kitsch les mêmes objets que nous avons en bois.

Un petit groupe se forme autour de nous, certaines femmes font des selfies avec nous, mais quand je voudrais prendre une photo elles se retournent gênées, elles ne veulent pas. Je trouve ça un peu égoïste sachant que si nous ne posons pas avec le sourire nous aurons certainement à nouveau droit au « f* you » avec des doigts d’honneur, on commence à avoir l’habitude. Je prends quand même une photo à la volée, il n’y a pas qu’elles qui ont envie d’avoir des souvenirs.

De retour à notre annexe nous la retrouvons à moitié hors de l’eau sur une dalle bien glissante. Alors que nous sommes en train d’essayer de la remettre à l’eau sans glisser, voilà que plusieurs hommes qui étaient en train de pêcher sur la digue viennent nous prêter main forte. Merci à eux, ça remonte un tout petit peu notre estime de ces villageois. Mais ça restera le village que nous avons le moins aimé de toute notre aventure indonésienne.