Détroit de Papouasie

Nous quittons Misool avec un pincement au cœur, l’endroit est si beau ! Mais il est temps de continuer notre voyage.


Nous nous arrêtons pour la nuit à l’entrée du détroit qui sépare la Papouasie et l’île de Salawati. Nous posons l’ancre près du village de Seget. Deux pêcheurs viennent nous visiter, dont l’un après la tombée de la nuit. Ils ne parlent pas l’anglais, nous nous débrouillons avec des signes, les quelques mots qu’on connait et le traducteur. Ça fait toujours bizarre ces visites car on ne sait pas ce qu’ils veulent et s’ils ne sont pas en train de regarder s’il y aurait quelque chose à voler. Nous leur donnons de petits cadeaux et ils s’en vont heureux.

Le lendemain nous longeons le détroit, nous avons plutôt l’impression de nous trouver dans une rivière, sauf qu’ici il faut calculer les marées pour naviguer avec le courant. 22km plus loin nous arrivons dans une grande baie dont la forme des récifs et îlots nous donne l’impression de naviguer dans un estuaire. C’est brumeux, la visibilité n’est pas très bonne.

 

Appel à la VHF

Puis voilà qu’on nous appelle à la VHF. Je peine à comprendre ce que la personne me dit, son anglais est très pauvre et son accent très fort. Quand il veut savoir où l’on se rend, je crois qu’il s’agit du capitaine de port de Sorong car il utilise la phrase type des officiels. Ça va un moment jusqu’à ce que je comprenne qu’il s’agit du bateau qui vient en face de nous, bateau dont on voit bien sur l’AIS qu’on se croisera avec au moins 2km de distance.

Quelques minutes plus tard il nous rappelle « je vous vois ! je vous vois ! » qu’il crie dans la VHF. Il est si heureux de pouvoir utiliser son anglais pour discuter avec nous et de voir notre bateau émerger du brouillard a l’air d’agrandir sa joie. Il me demande confirmation de ce qui est évident, c’est-à-dire qu’on se croise tribord sur tribord.

Lors de la suite de notre voyage à travers le pays, plusieurs bateaux indonésiens ayant un AIS nous contacteront pour demander confirmation pour le croisement, alors qu’à chaque fois c’est évident tant il y a de distance. Par contre les autres bateaux, surtout ceux de pêche, il faut toujours se méfier, il n’y a pas vraiment de règles par ici. On en a même eu un qui tirait un filet qui nous est passé quelques dizaines de mètres devant nous.