Nous quittons Banda Neira alors que nos amis grecques FILIZI arrivent. Nous ne pouvons malheureusement pas retarder notre départ car nous voulons être loin des îles avant la tombée de la nuit afin d’avoir moins de risque de heurter l’un des nombreux DCP (Dispositif de Concentration de Poissons) qui sont installés un peu partout ainsi que les nombreuses barques de pêche non illuminées.
Nous avons les voiles bien réduites pour ne pas naviguer trop vite afin de passer l’un des passages du coin sud-est de l’île de Seram à la lueur du jour.
Mer lactée
Il fait nuit noire mais j’ai la surprise de voir l’horizon devant nous. Puis tout à coup nous pénétrons une mer illuminée d’un vert pâle laiteux. Toute la mer est illuminée, d’une lumière trop faible pour pouvoir filmer ou photographier mais bien assez claire quand les yeux sont habitués à l’obscurité.
Ce n’est pas similaire au plancton phosphorescent, d’ailleurs avec la lumière de ce phénomène je ne vois plus les lumières des planctons de notre sillage.
Ce phénomène n’est pas facile à décrire. C’est un peu comme si au fond de la mer il y avait une énorme ville bien éclairée et que sa lumière arrive jusqu’à la surface.
Wikipédia (allemand) faisait allusion à ce phénomène sur sa page des îles Banda. C’est dû à des bactéries bioluminescentes qui sont à faible profondeur.
Peu de temps après avoir pénétré les eaux illuminées c’est l’heure du changement de garde, je réveille Stéphane qui peut aussi profiter de voir ça. Puis je réveille Elina, mais voyant le peu d’intérêt qu’elle a (le lendemain elle nous dira qu’elle avait l’impression d’être dans un rêve) je n’ai malheureusement pas réveillé les 2 autres.
3 heures plus tard à l’heure du changement de garde, Stéphane me réveille et me dit que l’intensité de la lumière est en train de diminuer. C’est quand même encore bien illuminé mais je vois devant nous une limite, une ligne sur toute la largeur que mes yeux peuvent voir, d’un côté c’est illuminé de l’autre c’est noir.
Une fois de retour dans les eaux noires, je peux encore voir l’horizon de la mer derrière nous pendant quelques heures !
Quelques articles que j’ai trouvé sur ce sujet, car nous n’avions aucune idée de quoi il s’agissait.
En route pour Misool
Après le passage du coin de l’île de Seram, où nous croisons beaucoup de pêcheurs dans leurs petites barques longues, nous faisons route au nord pour nous rendre à Misool. N’ayant pas trouvé d’ancrage le long de notre route, nous décidons de continuer à vitesse escargot, puis nous nous laissons dériver un peu plus d’une heure afin d’arriver à Misool après le lever du jour le lendemain.
Il est dit qu’en Indonésie les règles de navigation sont simples car il n’y en a pas vraiment. On dit que le bateau le plus gros est prioritaire mais même là ce n’est pas appliqué, en tout cas pas dans notre cas, sous voile c’est à nous d’éviter les petites barques de pêche au moteur venant de bâbord, donc mieux vaut ne pas en croiser de nuit, surtout que peu sont illuminés. Ça et les DCP sont la raison pour laquelle il est déconseillé de naviguer de nuit en Indonésie. Mais parfois les distances sont si grandes que nous n’avons pas le choix.