On part au Mexique


Il faut savoir qu’à la voile, on suit les alizées qui vont d’est à ouest.

Il y a la possibilité de prendre les vents du sud, vers 40°S qui vont d’ouest à l’est. Mais c’est une mer très formée, pleine de tempêtes et je refuse de prendre cette route. On a entendu beaucoup d’histoires sur ce chemin, ça ne donne pas envie du tout. Notre bateau n’est pas fait pour une telle traversée et nous avons des enfants à bord.

 

Certains ont eu fait la traversée en contournant Hawaii par le nord, mais nos amis autrichiens NOMAD (en voyage depuis 30 ans, ils ont publiés plusieurs livres et même sorti des films de leur voyage) nous la déconseille, elle peut être assez rude et il y ferait bien plus froid. Nous connaissons une famille qui l’a faite et effectivement, ils ont eu pas mal de casses au bateau. De plus nos enfants n’ont plus d’habits pour le froid, ils ont grandi depuis notre dernier séjour où il faisait plus froid, aux Canaries en janvier 2018 !


Contrôle des gilets, oups, celui de Stéphane est fichu !

 

La route

On va tenter de se faire router le long de l’ITCZ, juste au-dessus de l’équateur, entre 3-5°N, il devrait avoir un petit nœud de courant avec nous avec un minimum de vent. Ça risque d’être un bien long voyage où on naviguera très lentement.

En chemin il y a quelques îles, surtout américaines. Nous n’avons pas de visas, donc ce n’est pas certain qu’on puisse s’approvisionner. En plus des 480 litres de diesel dans les cuves du bateau on a organisé 540 litres dans des jerricanes. On va avoir pour à peu près 7000 miles nautiques, soit un peu moins de 13’000km. On compte bien 2 mois de traversée. Et on arrivera à la côte Ouest de l’Amérique pendant la saison cyclonique. Suivant comment, il vaudra mieux partir plus au nord pour aller au Canada. En tout cas c’est un gros challenge.

On avait hésité pour cette traversée en octobre, qui serait la période ayant quelques fenêtres météo pour cette traversée. On avait trouvé l’idée un peu folle, nous n’avons jamais entendu quelqu’un faire cette route à l’envers. C’est contre nature !

 

Approvisionnement

Alors que Stéphane organise et remplit les jerricanes, Elina et moi partons faire des gros achats. Riz, farine, pâtes, boîtes de conserves en grande quantité. Pour le bien être du moral on a fait un gros stock de biscuits comptant un paquet par jour. 2 mois de traversée, c’est long, surtout si on navigue très lentement.

Au marché, on prend le plus de légumes possibles. A cause de la grande chaleur, nous peinons à garder plus d’une semaine de légumes et nous manquons de place au réfrigérateur. Pour les 7 semaines suivantes, nous devrons nous contenter de légumes en boîte ou congelés et des patates, potirons et oignons, qu’Elina a pris en grande quantité.

Nous avons oublié d’acheter les 60 œufs de prévu. Heureusement !

 

Route impossible

Quand tout va mal, ça continue de se dégrader. Le météorologue que nous avons engagé comme routeur pour cette traversée un peu folle nous informe que l’ITCZ n’est pas encore formé et qu’il n’y a pas de route aux abords de l’équateur.

Sa proposition de route nous glace le sang. Il nous faudrait tirer des bords contre vent et vagues et ce jusque bien plus à l’est de Hawaii. En gros, je dirais 8 semaines de boum boum dans les vagues avec la plupart de l’équipage pris par le mal de mer.

Pour imager mieux cette traversée : imaginez un camper qui roule 24/24, 7/7 pendant 8 semaines sur une piste de moto cross. Imaginez tout ce qui va se casser sur votre camper. C’est exactement ce qui se passerait sur notre bateau. Nous serons en pleine mer et seuls, on se mettrait en sacré danger. Cette route est donc impossible avec notre type de bateau.

 

Que faire ?

Stéphane contacte Jimmy Cornell, que nous connaissons personnellement et Bobby Schenk, avec qui il est en contact régulier depuis des années, qui sont des vieux loups de mers avec bon nombres de livres sur le sujet vendus comme « bible » de la croisière, l’un pour les germaniques et l’autre pour l’international. Tous deux ont la même réaction, avec notre bateau on prend un sacré risque, ils disent non.

C’est incroyable dans la merde que nous mettent certaines décisions de fonctionnaires ! Devons-nous vraiment aller risquer notre vie pour rallier le Mexique ou le Canada avec une ambassade Suisse ou risquer de forcer les frontières d’un pays fermé ou refusant notre entrée et finir en prison puis rapatrié en Suisse (où nous n’avons ni maison, ni logis, ni meubles) tels des délinquants ? Ça peut paraitre exagéré, mais nous parlons en connaissance de cause, car c’est arrivé à des voileux que nous nous avons connu.

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