Freinés par notre merveilleuse prise, on arrive au mouillage de Hakahau en fin d’après-midi. Le mouillage, limité depuis le festival, n’est pas très grand et les bateaux qui y sont ancrés ont chacun 2 ancres, une devant et une à l’arrière. Stéphane étant en train de fileter le poisson afin de ne pas avoir de déchets au mouillage à cause des requins, j’étais à la barre et personne ne pouvait préparer l’ancre de poupe qui est trop lourde pour les enfants. On s’est ancrés le plus à l’extrémité et avons posé l’ancre de poupe en annexe un peu rapidement juste avant la tombée de la nuit. A peine finis voilà nos voisins américains qui viennent nous demander pourquoi on s’est mis si loin, à l’endroit où il y avait le plus de houle. Pas préparés pour la 2ème ancre et avec la nuit arrivant, on a pas voulu se coincer entre les autres bateaux.
Ils nous informent qu’il y a des festivités pour les fêtes de juillet. Nous décidons de ne pas aller à ceux du soir même, voulant être à bord au cas où l’ancre arrière ne tiendrait pas convenablement. Heureusement, ça n’a pas été le cas, mais nous étions heureux de changer de place le lendemain afin d’avoir un peu moins de houle pour les nuits suivantes.
Hakahau
A peine partis d’un endroit où nous avions un hôpital, voilà
que le lendemain matin Timeo se coince le doigt dans le cadre de porte, Elina
se réveille avec une énorme infection à l’oreille et Cyliane se plaint de maux
de ventre. On a utilisé nos connaissances et on s’est bien sortis avec les
problèmes d’Elina et Timeo. Le doigt n’est pas cassé, mais restera bien coloré
le temps que l’ongle repousse entièrement. Quant aux infections, on commence à
en avoir l’habitude, tous les boutons de moustiques ou de nonos grattés
finissent en cratère de pu. Par contre pour Cyliane, on devra attendre lundi
pour aller au dispensaire consulter le médecin. Ua Pou ayant beaucoup
d’habitants, il y a un médecin sur l’île. Il nous demandera de ne pas partir
sur les Tuamotu dans les jours qui suivent au cas où ça se transformerait en
appendicite et de retourner en consultation quelques jours plus tard lors de sa
visite à Hakahetau.
Nous avons profité de nous promener un peu dans le village,
car ce n’est pas pendant le festival que nous avons pu nous imprégner de la vie
de ce village. Nous voilà à peine dans
le village qu’on croise notre ami Manfred le chocolatier ! 2 jours plus
tard lors de notre visite au dispensaire, voilà une dame qui nous fait des
grands signes, c’était Thérèse, la femme de Manfred ! On ne va pas dire
que le monde est petit, mais nous étions quand même à 3/4h de route de chez
eux.
Nous avons réalisé que les magasins étaient bien plus
fournis et mieux rangés que ceux de Taiohae, qui est la ville principale des
Marquises ! Timeo a enfin trouvé
des billes, qu’il était heureux. On n’en avait jamais trouvé à Taiohae, les
copains les commandaient à Tahiti ! En Polynésie, les garçons jouent aux
billes lors de la récréation à l’école, même les garçons de la classe
d’Elina ! Leur jeu fait penser à la pétanque, ils pointent une bille dans
un creux ensuite ils tirent les billes des autres pour les gagner.
Nous avons pu aller visiter Jérôme à sa pension, qui a une vue superbe sur le
lagon.
Cyliane a retrouvé sa copine de classe Hinenao, qui vient
d’emménager à Hakahau. Elle a pu passer une bonne partie de l’après-midi avec
elle.
Festivités de Hakahau
Le soir, nous avions droit au concours de danses,
traditionnelles et autres. C’était une troupe de femmes et un petit groupe de 5
hommes. C’était bien sympa, les costumes variés et ceux en végétaux très jolis.
Nous mangions sur place et voilà que Marguerite, la fille de nos amis Rose
& Martin, vient nous saluer. Ça fait plaisir de connaitre plein de monde
alors que nous sommes si loin de chez nous.
Le lendemain était prévus des jeux pour petits et grands.
Quand on est arrivés, il n’y avait rien. Après renseignements, on a appris que
la personne en charge de l’organisation des jeux n’avait pas été avertie et
elle était absente. Le soir même, il devait avoir un concours de danse solo et
en couple. Le jury était présent, mais nous n’avons pas vu de danseurs. Après
renseignements, il y avait plusieurs inscrits mais apparemment plus personne ne
voulait danser.
La fête nationale à Hakehetau
Après la visite au dispensaire, nous levions l’ancre pour
nous rendre à Hakahetau y rejoindre nos amis. Lors du trajet, nous voyons que
ZOUTERIK, le bateau de l’amie d’Elina se rend au même endroit.
Le lendemain de notre arrivée, était le 14 juillet, la fête
nationale française. La Polynésie appartenant à la France, ils la fêtent aussi.
On nous a dit de nous habiller en polynésien et de venir pour faire le défilé.
Les touristes étaient à l’heure, les locaux, on les a attendus près d’une
heure.
A l’avant du défilé il y avait 4 brouettes pleines de fruits
et de fleurs, et derrière plein de gens. On s’est rendus près du quai, là où se
déroulaient les festivités. La nouvelle maire déléguée de la vallée a fait un
discours et on a hissé les drapeaux français, polynésien et marquisien pendant
que les enfants chantaient les 3 hymnes.
Puis ce fut l’heure de l’apéro, offerte par la commune. Nous
avons profité de retourner au bateau sortir notre gratin du four pour le repas
de midi en commun. Le temps de revenir, il ne restait plus grand-chose de
l’apéritif.
A l’habitude de tout kaikai marquisien, le buffet rempli par
tous les participants était riche et comportait bien plus de nourriture que ce
que les gens présents pouvaient manger. Notre plat de gratin et les quelques
salades d’autres voileux faisaient petits comparé aux énormes marmites et plats
des locaux ! On s’est à nouveaux régalé de poisson grillé, poisson cru au
lait de coco, de riz au lait de coco, de manioc caramélisé et j’en passe. Des
légumes ? Il n’y en a pas beaucoup et ils sont assez coûteux.
La fête était très sympa, les enfants ont reçu de la glace
pour le dessert. Ça fait plaisir de retrouver Rose & Martin et leur petit
fils Hatihei, le grand copain de Timeo. Puis aussi Thérèse, qui est restée au
village pour les festivités ainsi que son suivi médical.
Au moment de reprendre mon plat à gratin, qui était plus
qu’à moitié vide, une locale s’intéresse à mon plat, je lui propose d’en
prendre, et vu sa joie, lui dit qu’elle peut tout prendre. Elle était toute
heureuse et a vidé tout mon plat. On a remarqué que souvent les gens vont se
servir des restes, car ceux qui ont amené les plats vident souvent le reste aux
cochons. Du coup, j’avais de la place dans mon plat pour prendre un peu de
manioc !
L’après-midi s’est déroulé dans les rires et les concours.
La plus belle brouette de fruits, la brouette contenant le plus de poids de
fruit. Puis ils se sont mis à danser et à nous faire danser. On a eu droit à
presque toutes les danses « toutes les mamans sur la piste » puis
« toutes les dames des voiliers » et les hommes ont aussi eu droit à
quelques danses. Ce qu’on s’est amusés !
Dernière visite à
Manfred
Cyliane ayant eu encore plus de douleurs au ventre, Thérèse
m’a proposé que je la laisse avec elle à la pension alors que nous montions
visiter son mari. Avec ses maux, Cyliane était mieux à terre que sur le bateau,
ce pourquoi elle était à la fête malgré les douleurs. C’est avec plaisir que
Cyliane est restée devant la TV pendant que nous faisions les 6 km
aller-retours.
Nous partions donc avec 2 enfants et les ZOUTERIK pour aller
chez Manfred en faisant un stop à la cascade pour nous baigner. Comme toujours,
c’est un endroit si merveilleux et l’eau est bonne fraîche, que ça a été
apprécié par tous. Le seul hic, c’est qu’avec toute la pluie, le niveau d’eau
était bien monté ainsi que la quantité de moustiques. On s’est littéralement
fait bouffer malgré les sprays anti-moustiques!
Comme à chaque fois, nous avons passé un bon moment chez
Manfred. Il nous avait préparé quelques biscuits et fait fondre du chocolat. On
s’est régalés, les enfants avaient du chocolat fondu partout !
Festivités à
Hakahetau
Il y avait aussi des concours de danses à Hakahetau, et
Stéphane a fait partie du jury pour le concours des enfants ! Ils étaient
si mignons à défiler en costume de bain, tenue décontractée, tenue de soirée et
costume en végétal ! Manfred était au village et a regardé le concours
avec nous.
Le lendemain soir, il y avait un concours de danse adulte en tenue végétale. Pendant la journée, on était passés faire coucou chez Ataï & Nadia et avons ainsi pu voir la confection de costumes en végétal.
Au dispensaire
Le jour de la visite du médecin à Hakahetau, je me rends au
dispensaire avec Cyliane. Notre copine Mariska de ZOUTERIK était aussi présente
avec leur petite Barbara de 5 ans qui a également des douleurs de ventre, mais
différents et depuis plus longtemps. On a tous reçu des masques à porter, car
entre-temps, les frontières de la Polynésie ont ouvert et il y a à nouveau des
risques d’attraper le COVID 19.
Le médecin qu’on avait consulté à Hakahau a eu un
empêchement et c’est un remplaçant qui est venu. En fait, avec plus de 2000
habitants sur l’île, il devrait y avoir 2 médecins, mais pour des questions
budgétaires, il est souvent seul. Il est de piquet 7/7 24/24*.
Ils ont la chance d’avoir un octogénaire médecin qui habite l’île depuis une
bonne 30aine d’années et qui est d’accord de faire quelques remplacements.
C’est ce médecin que nous avons vu.
Très gentil il ausculte Cyliane puis me dit qu’elles (au
pluriel) doivent faire des tests d’urine. Par elles, il entendait la petite
Barbara passée avant nous. Après le passage de Barbara aux WC, l’infirmière
rince le gobelet plastique (genre pique-nique) de Barbara et me le tend pour
que Cyliane fasse dedans.
Pendant le temps d’attente, l’infirmière réussit enfin à
avoir contact avec l’hôpital de Papeete pour la petite Barbara. Le médecin
avait demandé à être connecté avec la pédiatrie, mais il est tombé en
psychiatrie !
On retourne voir le médecin environ 15-20 minutes plus tard.
Il commence à me dire que tout à l’air normal, à la palpation… puis il s’arrête
« lui ai-je déjà palpé le ventre ? », ok, il continue et semble
troublé. Il cherche ses écrits, regarde l’ordi puis se rend compte qu’il est dans
le dossier de Barbara, change de dossier, vide ! « Ça doit être sur
ma feuille » il lit, tourne la page, lit, retourne la page… rien !
Puis me regarde et demande une seconde fois s’il lui a déjà palpé le ventre.
Sur ma réponse positive, il continue son speech que ce n’est certainement rien
de grave.
Mariska et moi sommes sorties de là avec un bon fou-rire.
C’était 3 heures d’attente et de consultation pour pas grand-chose, mais une
expérience inoubliable !
*Il y a eu un article sur le médecin d’Ua Pou et la
situation actuelle, ainsi que le récit d’une récente évasan. Là, on se rend
compte qu’on vit dans un autre monde ! Pour le lire, cliquez
ici , (le mot taote veut dire médecin en tahitien).