Traversée pour les Tuamotu

 


C’est le cœur bien lourd et plein de tristesse que nous levions l’ancre le lendemain matin tôt et quittions les Marquises. C’était le moment le plus triste et le plus difficile du voyage. Très vite, on ne voyait plus Nuku Hiva, puis c’est Ua Pou qui disparaissait au large. Il était temps de regarder à l’avant !

Des dauphins sont venus nous remonter le moral. Un est venu faire coucou à la sortie de la baie. Une demi-heure plus tard, c’est un groupe d’une 50aine de dauphins qui sont venus nous entourer. Un moment plus tard, c’était un autre groupe de dauphins. Dommage, je n’arrive pas à les identifier.

Nous étions partis pour 3 jours, l’heure de la marée haute de la passe de Manihi, où nous voulions entrer, était 72h après notre départ. Nous devions veiller à ne pas arriver trop tôt ou trop tard.

Si on ne passe pas au bon moment, il y a des courants très forts dans les passes des atolls. Nous visons la marée haute ou basse, c’est là que le courant est le moins fort. De préférence une entrée dans la matinée, ce qui nous laisse le temps de nous rendre au mouillage, parfois de l’autre côté de l’atoll, tout en voyant les patates de corail émergeant à peine et pas toutes indiquées sur les cartes marines.

Les conditions de vent et de houle étaient excellentes ! Nous avalions les miles facilement. La nuit fut sans lune, mais très étoilée, ce qui nous permettait de percevoir l’horizon.

Nous avons croisé l’ARANUI 5 la première nuit. C’est le bateau mi-fret mi-passager qui dessert les Marquises toutes les 3 semaines. Le lendemain matin, nous croisions le TAPORO, le bateau fret qui dessert les Marquises toutes les 3 semaines. Depuis le confinement, ils se suivent à 1 jour d’intervalle, ce qui est dommage. Avant, ils venaient à 10-12 jours d’intervalle, c’était plus pratique pour les locaux.
Stéphane a contacté le TAPORO pour savoir s’ils avaient plus d’infos que nous concernant le Maramu, un fort vent d’est qui soufflait sur les Tuamotu. Malheureusement il n’avait pas plus d’infos que nous.
Ça nous a fait plaisir de croiser ces bateaux en mer, car pendant 7 mois, nous vivions selon leurs arrivées. C’est après l’arrivée de l’ARANUI qu’on trouve tous les produits frais dans les magasins, c’est le TAPORO qui amène le gros fret, le diesel, le gaz…

Une baleine a nagé un tout petit moment parallèlement à nous. On percevait tout son corps dans les vagues, on l’a vu respirer à la surface qu’une seule fois. Elle ressemblait à un dauphin, en beaucoup plus grand. Gris dessus, blanc dessous.

Au 2ème jour, Timeo nous a dit que le temps passait plus vite en traversée que normalement. C’est intéressant, car souvent les gens demandent tout soucieux, si les enfants ne s’ennuient pas en traversée. Chez nous pendant les traversées, c’est Legoland ou Playmobil-land dans tout le carré et soirée TV le soir. Pas de quoi s’ennuyer.


Je suis en train de finir de préparer le repas de soir que voilà 2 thons jaunes de 8-9kg chacun mordent. Le temps de les remonter et fileter, nous avons mangé après l’arrivée de la nuit. J’ai pu rajouter du sashimi et du thon mi-cuit au menu.

N’ayant plus trop l’habitude des traversées, nous avons pas bien dormi avec Stéphane pendant nos heures de repos. Il nous faut nous réhabituer au bruit des vagues et du bateau. C’est le moment de se remettre en route !

A l’approche des Tuamotu, nous avons eu le même accueil que lors de nos 2 premières arrivées aux Tuamotu, c’est-à-dire des gros grains, mais là, il s’agissait d’un front. Un gros nuage noir, plein de forte pluie. Les vents tournaient jusqu’à 60°, passaient de 15-30 nœuds. Bienvenue aux Tuamotu ! Heureusement, on n’a pas vraiment eu de rafales, mais le ciel était couvert toute la nuit, ce qui nous empêchait de voir l’horizon. C’est ainsi que nous avons longé l’atoll de Manihi, à une certaine distance, sans rien voir ! Même pas une petite lumière quelque part sur un îlot ! J’avoue que c’est assez désagréable de devoir se fier à l’électronique et ne rien pouvoir contrôler à l’œil. Le radar confirmait nos cartes, mais on reste quand même à l’affut.

Nous avons ralenti notre avancée et sommes arrivés à l’heure à la passe, nous avions juste un peu de contre-courant de 1.5 nœuds, des conditions parfaites. Au milieu de la passe il y avait un quai où un papy nous faisait de grands signes. Nous avions l’air d’être les bienvenus ! Avec le COVID 19, on ne sait jamais, certains endroits ne veulent pas de touristes.

Le village se trouvait juste à côté de la passe, nous n’avons pas dû naviguer dans le lagon. Tant mieux, car le ciel était couvert, on n’aurait pas très bien vu les patates de corail.