Nous avions espéré que les Alizées ne soient pas encore établis pour qu’on puisse profiter d’un jour avec moins de vent pour aller plonger sur la barrière de corail. Mais aparemment nous sommes trop tard. Il nous faut continuer notre route.
Nous quittons Lizard avec le bateau PAZZO. Nous avons le même itinéraire, c’est-à-dire la remontée du cap York puis de nous rendre en Indonésie. Par temps d’Alizée, nous n’avons pas beaucoup de mouillage possible, donc on cabote d’un mouillage à l’autre.
Cap Melville
Nous espérons pouvoir arriver au mouillage juste derrière le cap Melville, c’est une assez grande distance à faire en un jour. Nous partons à peine le jour levé et bientôt nous avons un super vent qui nous pousse bien. Les PAZZO partis à peine derrière nous nous suivent de près, leur bateau étant un chouilla plus rapide que le nôtre. A un moment nous sommes 3 bateaux tout près les uns des autres.
Nous passons le cap Melville sans problème, avertis qu’il pouvait y avoir pas mal de raffales nous avons mis les ris nécessaires.
Nous passons le mouillage vers 15h et décidons de continuer jusqu’aux Flinders Islands où nous avions prévu nous y rendre le lendemain pour visiter. J’avertis les PAZZO de notre décision, ils avaient pris la même.
Nous avons fait 85 miles en 11h30, je crois que c’est la plus grande distance que nous ayons fait en navigation journalière.
Flinders Islands
Nous arrivons au mouillage en passant entre les 2 îles principales. Le passage est superbe et nous profitons d’essayer de trouver le chemin qui amènerait aux grottes.
Nous avons l’information qu’il y a une grotte avec des peintures aborigènes au nord-est de l’île Stanley (l’île du nord), mais avec les Alizées il est impossible d’aller y ancrer ou de s’y rendre en annexe car les vagues sont mauvaises. Il devrait y avoir un chemin sur l’une des 2 plages.
Le lendemain nous prenons les PAZZO avec notre annexe puis nous tentons de trouver ce chemin. Il y a beaucoup de courant entre les îles et il y a des vagues. Stéphane longe l’île de Flinders (celle du sud) le plus longtemps possible pour être à l’abri des vagues, mais à tout moments nous nous faisons gycler. Nous observons les plages de l’île d’en face, les vagues s’y brisent, il nous sera impossible d’y accoster en toute sécurité, sans compter la traversée du chenal où l’on se fera malmener par les vagues. Tant pis pour les grottes, essayé pas pu !
Nous allons à terre sur l’île de Flinders en sautant de l’avant de l’annexe à cause des crocodiles, car là il y en aurait toujours. Nous cherchons les marques laissés par le bateau HMS DART qui est passé par là en 1899 et nous trouvons leur gravure sur un rocher. L’endroit est joli, les arbres, les oiseaux… nous sommes à l’arrière des mangroves où les crocodiles ne devraient pas trop être un danger. Sur terre ils sont lents, c’est dans l’eau et à la sortie de l’eau qu’ils sont dangereux.
Lorsque nous retournons à l’annexe la marée a baissé. Nous ne pouvons pas monter dans l’annexe et partir, nous sommes trop lourds. Nous devons tous marcher un bout dans l’eau et pousser l’annexe. Pour moi c’est l’angoisse, même les enfants sont trop lourds, nous n’avons pas le choix. Une fois tous dans l’annexe, les hommes voyent un sillage de quelque chose qui longe la côte non loin de nous et qui vient dans notre direction. Il se pourrait bien que ce soit un crocodile. Heureusement nous sommes tous dans l’annexe.
Lorsque nous quittons Flinders le lendemain, nous voyons un bateau qu’on connait qui navigue dans notre direction. Quand nous les rencontrerons à Thursday Island quelques jours plus tard ils nous racontreront que ce jour ils ont été ancrer à Flinders où nous étions et ils y ont vu un gros crocodile de 3m !
Remontée du la péninsule de York
Nous cabotons encore pendant 4 jours. Les ancrages ne sont plus des ancrages protégés par le vent, ce sont simplement des ancrages sûrs, càd le sol tient et on est plus ou moins à l’abri des vagues. La plupart du temps nous suivons la route qu’empruntent les cargos, nous en croisons plusieurs. Parfois nous coupons par des endroits moins profonds, au cap Grenville nous passons entre le cap et les îles, le paysage est très joli.
Nous sommes surpris de retrouver à certains endroits le même paysage qu’aux alentours de Fraser Island, c’est-à-dire des falaises de sable compressé.
Le matin nous avons un vent d’ouest, le vent thermique du continent australien étant plus fort que les Alizées. Peu avant midi le vent tourne et nous avons le vent sud-est des Alizées.
Un jour il y avait peu de vent (force 2), au bout d’un moment on a sorti des ris (agrandi les voiles). Puis d’un coup le vent a forci à 6 et tourné en moins d’une minute de 120°, nous n’avons jamais vu ça auparavant ! Heureusement que nous avons toujours une retenue de bôme, peu importe l’allure (l’angle du bateau par rapport au vent). Le vent arrivant brusquement de l’autre côté de la voile, on a fait un empannage involontaire (le vent arrive du faux côté de la grand-voile). Grâce à la retenue de bôme, rien de grave nous est arrivé. Le vent est resté à force 6-7 tout le reste de la journée, c’était une journée un peu sportive.
Si cette route serait à refaire, nous ferions un direct de Lizard Island au Cap York. Les routes à cargos sont sûrs pour les navigations de nuit malgré les récifs alentours. Ca nous écourterait le voyage à un peu plus de 2 jours au lieu de 5 grosses journées de navigation (entre 52 et 85 miles par jour pour faire les 340 miles).