Nous avons une bonne fenêtre météo avec du vent du nord, il est temps de quitter Townsville.
Nous sommes plusieurs bateaux à partir ce jour-là. Etant déjà au mois de novembre, nous pensons faire partie de la dernière vague de bateaux nous rendant au sud, hors de la ceinture cyclonique.
Il y a peu d’ancrages pour un vent du nord entre Townsville et Airlie Beach, nous décidons de faire les 130 miles nautiques en une traversée qui nous prendra un peu plus de 25 heures.
Nous partons dans la matinée et profitons d’une belle journée de navigation où nous avons la visite de 2 dauphins. Une fois la nuit tombée le vent commence à tomber également et le peu de vent qui gonfle notre voile avant ne fait pas assez de pression pour stabiliser le bateau dans les vagues. A chaque vague la bôme claque, c’est très désagréable.
Enrouleur bloqué
Je décide de changer de voile et alors que je veux enrouler le génois léger la corde est bloquée. Attachée et surveillée par Elina, car nous n’allons jamais de nuit hors du cockpit sans surveillance, je vais à l’avant voir l’origine du problème.
Le génois léger, qui vient de nous être livré, est montée sur un enrouleur. Une corde s’enroule autour de l’enrouleur lorsqu’on sort la voile, c’est cette corde qu’on tire pour enrouler la voile. La voile étant neuve, nous avions laissé un peu plus de tours de corde autour de l’enrouleur, car quand le vent est plus fort la voile s’enroule très serrée et on a tendance à manquer de corde pour l’enrouler entièrement.
Seulement voilà, avec les mouvements du bateau cette corde a réussi à glisser sur pas mal de tours hors de l’enrouleur et à s’entourer et s’emmêler autour du bout dehors (la barre qui pointe à l’avant du bateau sur lequel est installée cette voile) et au-dessous de l’enrouleur.
Je passe une bonne heure à rager, de nuit avec une lampe frontale, couchée le torse sur les fers du rouleau d’ancrage de la seconde ancre, le haut du corps et la tête dans le vide, à essayer de démêler tout ce bordel. Au bout d’un moment Stéphane se réveille et vient me prêter main forte.
Nous avons beaucoup de chance que ça arrive par petit vent alors que je réduis la voile et de plus que nous sommes bien au large. Ainsi nous avons pu remédier au problème sans danger et sans soucis. Ça aurait été un vrai problème si c’était arrivé alors que je voulais enrouler la voile à cause du vent qui aurait forci.
Malgré mon gilet de sauvetage faisant office de matelassage entre mon torse et les fers sur lesquels j’étais couchée, j’ai eu mal aux côtes pendant plusieurs jours sans compter les courbatures !
Gros orages
Cette nuit n’est pas de tout repos, le ciel est très animé. De gros orages grondent sur terre, mais ils sont très gros et nous avons les fortes pluies et comme toujours, on espère ne pas recevoir la foudre.
Tout appareil électronique que nous n’utilisons pas est rangé dans le four. En cas d’éclair, ils ont plus de chance de survie dans le four qui est une boîte métallique. Mais nos moteurs ont une partie électronique, nos instruments de navigation sont électroniques, l’ordinateur avec lequel je navigue… Mieux vaut éviter la foudre.
Les orages dans le nord Queensland sont très impressionnants, les éclairs frappent, le tonnerre gronde. Les cellules orageuses sont énormes, il est impossible de les contourner. Mais cette-fois je ne me fais aucun souci. Nous sommes en train de passer près d’une zone d’ancrage pour cargos où plusieurs sont en attente. Si la foudre tombe par-là, les cargos sont bien plus gros, plus hauts, plus métalliques qu’OLENA.
Peu avant midi nous arrivons à l’ancrage d’Airlie Beach où nous retrouvons nos amis américains RONDO. C’est toujours un plaisir de les revoir, nous nous connaissons depuis les Caraïbes et leurs enfants ont l’âge d’Elina. Ça faisait quelques mois qu’on ne s’était plus vus, la dernière fois c’était à Fiji en début d’année.