Nous voilà de retour à notre première destination de mission, où nous avons rejoint Martin arrivé un jour avant nous. Nous nous rendons ensemble au village.
Les chiens
Michelle de POGEYAN, qui a passé à Yadua quelques jours
avant nous, a donné aux enfants la tâche d’aller nourrir les petits chiots. A
notre premier passage, il y avait 4 petits chiots à moitié mourants, dont la
maman était morte. Michelle et Cyliane les ont nourris et 3 d’entre eux, dont l’une
appelée Olena, se portaient bien à notre départ. Au retour de Michelle, elle n’en
a trouvé plus que 3. A notre retour, il n’y avait plus que Scubidou. Nous
pensons que les autres sont morts de faim.
Les locaux nous regardent bizarrement quand on s’occupe des
chiens. Ils ne les aiment pas et ne comprennent pas notre lien avec ces
animaux. A notre second passage, il y avait 2 nouveaux petits chiots dont l’un
des habitants a ramené au village car la mère serait aussi morte. L’un des
chiots était au bord du chemin, l’une des femmes passe et lui donne un coup de
pied pour l’enlever du chemin. Avec ce traitement, je suis étonnée que ces
chiens ne soient pas agressifs. Les chiens adultes sont très craintifs et peu
se laissent caresser.
Nous ne comprenons pas pourquoi ils ne castrent pas les
chiens, ce serait plus simple que de les laisser se procréer et de les laisser
crever et mal les traiter. Les chiens n’appartiennent généralement à personne,
ils sont sauvages. Bien sûr il y a quelques exceptions.
Les villageois n’arrêtaient pas de dire aux enfants de
prendre les chiots. J’ai dû lutter fort contre mon envie de les prendre pour
les amener à un endroit où ils seraient aimés. Mais où ? Nous avons
réalisé que le sort des chiens est souvent le même dans les îles. Quant à les
garder à bord, c’est beaucoup trop compliqué, chaque changement de pays c’est
une complication de plus, nous avions décidé de ne prendre aucun animal lors de
notre voyage. Les dauphins, poissons et oiseaux qui nous visitent nous
suffisent.
Les chats
De retour chez Wame, notre personne de contact, les enfants
ont joué avec les chatons. Wame a un chien et des chats et s’en occupe comme
nous le faisons en Europe. Il ne restait plus que 3 petits chatons, car le 4ème
est parti vivre à bord de SKYBIRD, dans l’espoir qu’il chasse le rat qu’ils ont
à bord depuis leur visite dans les mangroves pour le cyclone Yasa.
Wame espérait que nous lui prendrions quelques petits chatons.
Là aussi les enfants auraient adoré. Niveau navigation, les chats c’est peut-être
un peu plus simple qu’un chien, mais niveau changement de pays c’est tout
autant compliqué, les papiers, les visites de vétérinaire, parfois des
quarantaines à faire.
Le dessal
Alors que les enfants s’occupaient des animaux, nous avons
montré les systèmes d’eau à Martin. Stéphane a fait un petit contrôle du
dessal, tout va bien. Quant à la pompe de forage dont Richard a réussi à
refaire fonctionner avec des panneaux solaires cassés, tout fonctionne
parfaitement. Le panneau avec la vitre brisée n’a pas encore pris la moindre
goutte d’eau !
Nous nous renseignons envers Wame de ce qu’il en est pour ce
dessal. Est-il encore nécessaire ou pas, car les infos contradictoires fusent.
Dès notre départ de l’île, Bo de SKYBIRD resté encore quelques jours sur place
informe qu’ils n’en ont pas besoin, que le système réparé par Richard est
suffisant. Son information nous surprend beaucoup, car il ne s’était pas du
tout impliqué dans la recherche pour l’eau, l’installation du dessal ni dans la
réparation de la pompe de forage. Nous peinons à croire ses dires quelques
jours après notre départ alors qu’une partie du village a passé la veille et le
jour de Noël à vider à 2 reprises le trou d’eau afin d’avoir de l’eau propre !
Wame nous informe qu’effectivement ils peuvent utiliser de l’eau
de forage, mais les citernes contenant cette eau n’ont toujours pas été réparées.
De plus personne ne sait combien de temps vont fonctionner les panneaux
solaires, surtout celui avec la vitre brisée. Comme la partie du nord du
village se sert de l’eau du dessal, il demande à ce qu’on le laisse encore un
peu.
Travaux de nettoyage
Wame est d’origine du village mais vit à Suva, la capitale.
Il a travaillé pendant de longues années à l’étranger, œuvrant pour des
organisations d’aide suite à des catastrophes. Dès qu’il a pu, il s’est rendu à
Yadua pour amener de l’aide et surtout pour les aider à s’organiser. Les
fidjiens ont souvent pour habitude de vivre au jour le jour et les choses
traînent. « Fijian time ! » est quelque chose qu’on entend
souvent, il est rare qu’ils arrivent à l’heure ou le jour attendu.
Pendant toute la durée du montage du dessal, il était là à
superviser et commander les villageois. Il est respecté et apprécié. Pour le
nettoyage du village il a établi un plan, le matin, ils nettoyent le village,
après le déjeuner tardif (petit-déjeuner pour les français) ils s’attaquent à l’école
et après le dîner (déjeuner pour les français) chacun s’occupe de ses propres
choses.
Ils se sont attaqués au gros arbre déraciné qui a soulevé
une partie du chemin bétonné. Au moment de notre passage, ils essayaient avec
une seconde tronçonneuse de sortir la chaîne de la première qui s’était complètement
coincée. Pas facile tout ça !
A l’école ils étaient en train d’enlever les parois et de
démonter ce qu’ils pouvaient démonter. Le tout finissant sur un gros tas qui va
être brûlé.
Ordures
Dans les îles, je n’ai pas vu de poubelles, il n’y a pas de
ramassage d’ordures. Une fois par semaine ils font un grand feu et y brûlent
tout ce qu’ils n’ont pas besoin. C’est là qu’on se rend compte que la Suisse
qui veut être de plus en plus propre, c’est un peu ridicule. Oui il faut faire
attention à la planète, mais que les écolos d’un tout petit pays essayent de
pousser les choses à un tel point alors qu’ailleurs dans le monde c’est tout le
contraire, c’est une toute petite goutte dans l’océan qui est souvent perçue
comme de très gros problèmes pour les gens et entreprises qui doivent s’adapter
aux nouvelles normes écolos.
Petite anecdote, l’Europe a interdit les hors-bords 2 temps depuis plusieurs
années à cause de l’écologie. Partout dans le monde ils naviguent avec des
hors-bords 2 temps, il y est d’ailleurs bien difficile de trouver des pièces
détachées pour un 4 temps comme le nôtre. A Fiji, le carburant 2 temps à la
pompe (essence enrichie de 2% d’huile) est moins cher que l’essence ! L’essence
sans plomb étant à 1.92FD/lt, le premix à 1.55FD/lt. L’huile étant plus chère
que l’essence, nous supposons que le « zoom » ou « premix »,
nom pour l’essence 2 temps, doit être subventionné.