Mission Sea Mercy à Druadrua


Nous sommes partis depuis un petit moment que Jonathan nous informe d’un changement de plan. L’équipe B quitte Galoa (prononcé Ngaloa) pour se rendre à Vorovoro et Mali à notre place alors que nous devons nous rendre plus à l’est à Druadrua. Etant à une bonne distance, nous prévoyons aller ancrer au plus près pour nous y rendre le lendemain matin.

 

Druadrua a fait passer l’information à la NDMO (National Disaster Management Office) qu’ils n’ont plus d’eau potable. Ceci change notre programme. POGEYAN et nous allumons le 2ème moteur et c’est presque à fond, à une moyenne de 7-7.5 nœuds que nous serpentons dans le couloir entre les îles et récifs pour arriver à Druadrua avant la nuit. Il va s’en dire que nous avons utilisé pas mal de carburant.

La vitesse de nos leurres ont attiré les poissons. Nous avons pêché un beau « Spanish Mackerel » et un gros « Giant Trevally » de 25kg. Nous avons fileté le premier pour notre consommation et avons gardé le second entier pour le donner au village. Les fidjiens aiment la bête entière, car ils cuisinent également la tête.

 

Arrivée et Sevu-sevu

Notre poisson a été le bienvenu, ainsi que le « Spanish Mackerel » de Richard. Ils ont été distribués à une bonne partie du village. J’aurais bien voulu goûter notre poisson, car nous n’en avions jamais pêché auparavant. Ce sera peut-être pour une prochaine fois.

A la première vue, le village avait déjà été nettoyé. En fait ce n’était que 2 maisons près de la plage dont les propriétaires avaient hâte de reconstruire/réparer.

Le chef nous amène sous un toit de tôles ondulées posées sur des bois, qu’ils avaient l’air d’avoir construit dernièrement. Après le petit rituel, nous commençons à nous renseigner sur leurs besoins d’eau et autres. Ils nous informent boire de l’eau de pluie de l’église, pour le reste comme la lessive et les soins corporels, ils ont assez d’eau qui vient d’un barrage plus haut dans la montagne.

Voilà qu’il se met à pleuvoir à verses et je vois l’eau du toit de l’église se déverser sur le sol. Une partie du chéneau est un peu de travers et la partie au bout qui amène à la citerne, qui n’a pas bougé, est manquante. Je leur fais la remarque que leur eau potable se déverse sur le sol. Sur ce, un homme amène une grosse casserole et la pose pour récupérer l’eau. La casserole sera toujours pleine à ras bord le lendemain !

Nous nous refugions dans l’église pour nous abriter de la pluie. Nous pouvons constater que le toit est abîmé à un endroit. Une tâche de moisissure en contrebas nous indique que les dégâts ne datent pas de Yasa.

Sur les 25 maisons qui abritent les 125 habitants de l’île, 10 ont été détruites, certaines complètement rasées. Beaucoup de toilettes ont été détruites, il ne leur reste plus que 4-5 toilettes pour tout le village. Les gens vont faire leurs besoins dans la nature, ce qui peut provoquer des problèmes sanitaires en amenant des maladies, c’est un point urgent à faire parvenir au NDMO.


A la recherche d’eau potable

Le lendemain, Michelle, Richard, Stéphane et moi retournons au village dans le but de trouver une solution pour l’eau. Le responsable nous promène à travers le village nous montrant les fontaines et les citernes où nous pourrions éventuellement installer le dessalinateur tant convoité.

Dès le début nous avons réalisé que le dessal n’était pas une nécessité. Jonathan nous avait prévenus que nous devrions bien différencier entre les besoins et les envies. Richard prenait toutes les informations consciencieusement. Nous avons tout regardé, j’ai même fait un rapport en photos des infrastructures d’eau du village.

Richard avait pris son appareil pour mesurer la pureté de l’eau et nous avons pu leur montrer que l’eau qu’ils utilisent pour se laver est plus pure que l’eau de nos dessalinateurs, dont Richard avait amené 20 litres le jour d’avant. Avec sa diplomatie, Richard a pu faire comprendre au responsable qu’ils n’avaient pas besoin d’un dessal.


Réparation du chéneau

Etant bloqués sur l’île pour encore un moment à cause de la marée qui a laissé nos annexes loin de l’eau, Stéphane a voulu se rendre utile en réparant le chéneau de l’église.

Il demande pour avoir une échelle, sur quoi on lui répond qu’il n’y en a pas au village. Avec tout le bois qui traine partout, quelques clous et des outils, il se met à en confectionner une avec l’aide de Richard et d’un local. En 10 minutes, il avait son échelle.

Il a pu remettre la partie de travers du chéneau juste en le clipsant à nouveau correctement. Quant au bout manquant que les villageois ont dit avoir disparu, Stéphane l’a trouvé sur un tas à brûler non loin de l’église. Avec un peu de fil de fer amené par les HULLABALLOO qui venaient d’arriver, la réparation a été faite en moins de 15 minutes. Ceci confirme que le village n’était pas en besoin d’eau potable, sinon les réparations auraient été faites bien avant.


Visite chez l’infirmière du village

Michelle, Julia et moi sommes parties visiter l’infirmière pour savoir les besoins du village. J’ai été surprise de me retrouver chez la fidjienne la moins sympathique que j’ai pu croiser. Elle avait l’air très aigrie et peu commode.

Nous lui demandons le nombre de familles qui ont tout perdu afin de pouvoir leur remettre les seaux contenant les sets hygiéniques. Sur quoi elle nous dit qu’elle aussi a besoin d’un set car sa maisons a aussi été endommagée. Essayant d’user du peu de diplomatie que j’ai, je lui ai demandé si elle connaissait le contenu des sets. Il y a des bandes hygiéniques, des culottes, du savon, des brosses à dents… comme je peux le voir, sa maison n’a pas perdu son contenu. Je vois que sa cuisine a perdu son toit, oui elle a besoin d’aide, mais pas la même aide que nous apportons.

Ensuite elle nous a fait part que l’unique médicament qu’elle possède est le Panadol. Nous supposons qu’elle n’est pas infirmière, mais qu’elle est la personne qui s’occupe du village car l’infirmerie se trouve sur l’île principale, pas très loin de là, mais il faut s’y rendre en bateau.

Une fille s’est blessée à la jambe pendant l’ouragan. Elle n’a ni désinfectant, ni crème, rien. Une seule bande et plus aucun sparadrap. Elle n’a trouvé d’autre solution que de transformer quelques pilules de Panadol en poudre, qu’elle mélange à de l’eau (certainement pas très propre) pour en faire un cataplasme sur la plaie.

On ne s’attendait pas à des choses pareilles. Nous avons de suite informé Sea Mercy des besoins urgents de matériel de premier secours, espérant que le NDMO organise quelque chose pour eux. Julia avait quelques tubes de crème désinfectante à bord et lui a amené un tube en même temps que les sceaux de produits de première nécessité. Apparemment l’infirmière est devenue très sympathique.