Nous avons quitté Denarau sans vraiment nous préparer à aller jusqu’au groupe Lau, les îles les plus éloignées à l’est, où les gens vivent hors du temps. Ce serait les plus beaux endroits de Fiji, mais c’est assez loin contre le vent et nous avons peu de temps avant la saison cyclonique.
Nous avions quand même acheté quelques bouquets de Kava, car
c’est nécessaire pour visiter les petites îles un peu partout, sans pour autant
faire le plein de sucre, farine, sucettes et autres choses que les gens du
groupe Lau sont friands.
Lorsque nous avons vu que le vent allait tourner nord-est,
la décision fut unanime, nous tentons de rallier Fulaga (prononcé Fulanga).
C’est les îles Lau le plus au sud par rapport à Taveuni, mais les seules que
nous puissions remonter au vent à la voile. Celles plus au nord, nous aurions
eu le vent dans le nez !
Cap sur Fulaga
10h du matin, tous les 3 bateaux nous lâchons le mouillage pour une navigation d’un peu plus de 160 miles nautiques. Comme d’habitude, SAWADIVA est plus rapide, CORAL TREKKER un peu plus lent.
Le vent n’étant pas encore au nord-est comme prévu, nous
prévoyons une autre escale à l’ouest de Fulaga si jamais on ne pourrait pas
rallier Fulaga. Je profite d’avoir encore un peu d’internet pour faire mes
cartes satellites de cette île.
Nous naviguons à 52° contre le vent, très serré pour nous,
mais ça va. La vitesse est bonne, nous avons plaisir. Une fois CORAL TREKKER
10mn à l’arrière, nous perdons leur signal AIS. A un moment SAWADIVA fait
demi-tour pour essayer de joindre CORAL TREKKER pour voir si tout est OK avec
le cours. Nous avions essayé un peu plus tôt par VHF puis par GSM, sans
résultat.
Nous continuons notre chemin et nos quarts, SAWADIVA nous
rattrapent gentiment. On passe près d’une île et j’entends des messages qui
arrivent ! J’en profite pour appeler mes parents, sachant que nous nous
rendons à un endroit sans téléphone ni internet. A un moment le vent tombe,
j’ai sorti tout le génois, mais ça ne suffit pas. A 3.5 nœuds ça m’énerve,
c’est trop lent, chaque vague fait taper la bôme de la GV. Je réveille
Stéphane, je veux sortir un ris de la GV. Stéphane vient à la barre pour la
manœuvre. OLENA reprend de la vitesse et Stéphane retourne se coucher. ¾
d’heure plus tard, le vent a fraichi et OLENA fend les vagues à plus de 9
nœuds. Les vagues étaient un peu trop grosses pour cette vitesse, le vent un
peu limite, je retourne réveiller Stéphane pour remettre un ris. Parfois c’est
comme ça les navigations de nuit.
Il fait jour quand nous arrivons vers Fulaga, Stéphane fait
quelques petits réglages au mat et crac, la gaine de la drisse de la GV a cassé
net au niveau du bloqueur ! J’avais vu de la fatigue à cet endroit à notre
arrivée à Taveuni, nous avions pensé la changer à notre retour à Denarau, mais
ça a cassé plus vite qu’on a pensé. Heureusement, c’est sans souci que nous
avons pu affaler la GV pour suivre SAWADIVA dans la passe qui amène dans
l’atoll de Fulaga.
La passe est similaire à celles des Tuamotu, un peu plus longue
et moins large que celles que nous avions empruntées. A cause des vagues, nous
avons dû y entrer par le coin au sud et longer tout près du récif. La
visibilité est bonne, on voit bien les coraux, le courant était peu fort
contre-nous, tout à notre avantage. Mais je dois avouer que ça fait bizarre de
naviguer si près du mur de corail et de tourner si près d’un îlot.
A peine à l’intérieur nous voyons plein d’îlots en forme de
champignons posés dans un lagon bleu-turquoise, tels que les photos qui nous
avaient fait rêver. Je sautais de joie à l’avant du bateau tel un enfant. 24h
après notre départ, nous posions l’ancre dans le plus bel endroit que nous
ayons jamais été.