Il y avait déjà 4 bateaux dans l’atoll lors de notre
arrivée. Alors que nous conversions par VHF avec SAWADIVA pour les instructions
de la passe, un plaisancier inconnu nous demande si nous avons besoin d’aide
pour la passe. Quel accueil sympa!
CORAL TREKKER sont arrivés environ 5h après nous. Comme
c’était l’anniversaire de Robi, les hommes sont sortis avec trompette et
drapeau suisse pour les aider à passer la passe. Ensuite nous avons passé la
soirée les 3 bateaux ensemble chez nous à manger apéro dinatoire et gâteaux,
préparés par Elina et Bettina.
Cérémonie au village
Le lendemain de notre arrivée il était grand temps de nous
rendre au village pour le rituel Sevusevu. Paréos ou jupes plus longes que les
genoux pour les filles, pas de chapeau ni de lunettes de soleil sur le dessus
de la tête!
Aguilla, un membre de la commune a contrôlé nos papiers et
autorisations, il a pris les paquets de racines de Kava et l'argent que le
rituel veut qu’on offre au chef du village. Ensuite il nous a introduits dans
une salle où attendaient les 2 hommes. Nous nous asseyons au sol comme le font
les locaux. Petit blabla en fidjien, puis on nous explique qu'on fait à présent
partie du village, on nous informe des règles à respecter. Ouf, on a échappé à
toute la cérémonie où il faut boire le kava!
Chaque bateau reçoit une famille d’accueil. Les SAWADIVA
dont ce n’est pas à la première visite se rendent chez la leur. CORAL TREKKER
ont été emmené dans la maison dont la femme m'avait super accueilli à notre
passage avant la cérémonie. Nous avons suivi Aguilla à l’intérieur d’une maison,
il nous a fait un thé de feuilles de citronnier. Nous lui avons donné quelques
présents. Malheureusement le reste de notre famille était à la pêche pour la
fête du lendemain.
Cérémonie de Kava
Après une énorme averse, nous nous sommes retrouvés chez le sculpteur,
que SAWADIVA voulait aller visiter et nous faire connaitre. Ils ont été
accueillis en tant que revenants, la femme du sculpteur a organisé une
cérémonie de kava.
Cette-fois, on n’y a pas échappé! On boit chacun son tour
une eau boueuse avec un arrière-goût de réglisse dans une soucoupe de noix de
coco. A peine avalé la bouche s'endort un peu comme quand on sort de chez le
dentiste. On fait le tour plusieurs fois. J'ai eu de la chance, 3x elle m'a mis
très peu, mais au 4ème tour il y avait plus. Timeo a voulu y goûter (une
goutte) et a tout fait juste (taper dans les mains avant et après avoir le
bol...), ça a bien fait rire notre hôtesse.
Suivant les pays le kava est considéré comme drogue, mais
les médicaments faits à base de Kava sont autorisés à certains endroits. Le
kava préparé artisanalement par les locaux aurait de bonnes propriétés
thérapeutiques. Comme ça diminue la tension artérielle et que j’ai une tension
très basse, je n’étais pas en forme le reste de la journée. Franchement, j'espère
que les locaux ne voudront pas tous nous faire plaisir à nous faire cette
cérémonie, qui pour eux est très traditionnelle pour le bon accueil des gens. Ici
le Kava c’est comme le café chez nous, on en sert à chaque visite.
Retour au village
Le 10 octobre c’est la fête nationale. Comme cette année ça tombe un samedi, ça n’arrange pas les gens du village, qui ont interdiction de pêcher le dimanche. C’est pourquoi le village a décidé de fêter l’indépendance avec 2 jours d’avance et de profiter de cette fête pour collecter des fonds pour l’église.
Aguilla nous a demandé d’y assister. Enfin nous allions
faire connaissance avec le reste de notre famille d’accueil. Notre impression
de déranger était encore plus présente que le jour d’avant. A notre arrivée à l’heure
prévue, Aguilla nous a dit se retrouver à la salle communale 1.5 heure plus
tard, mais j’avais des bouteilles à lui remettre. Il nous avait demandé des
bouteilles vides, car il produit de l’huile de coco.
Il se rend vers la maison et toque. 2 femmes dont on avait
croisé l'une au village lors de notre première visite étaient couchées au sol
en train de faire une sieste. Dorment-ils à même le sol ? Chez le
sculpteur j’ai vu des lits, Aguilla nous avait dit que la maison du repos était
celle d’à côté. Nous avons visité la maison du repos à une autre visite, pas de
lits ! Ils dorment au sol sur des tapis tressés avec des feuilles de
Pandanus.
Une fois à l’intérieur, ils nous disent "take a
sit" qui veut littéralement dire "prends un siège". J’ai trouvé
cela marrant car nous avons pu voir qu’il n’y a ni table ni chaise dans les
maisons, ils posent une nappe au sol et on s’asseye autour. Une autre jeune
femme est arrivée. Une fois nos bouteilles et présents donnés, ils nous ont
demandé de partir et de les retrouver à la salle communale à 16h. Pendant
l'heure et demie à attendre, nos amis passaient du temps avec leur famille
d'accueil. Bettina m'a dit qu’on n’a pas eu de chance, effectivement, ils sont
peu accueillants et ont l’air bizarre. Les autres familles se font une joie
d'accueillir les touristes, de leur amener des fruits, du poisson et de passer
du temps avec eux.
En se promenant au village, on a retrouvé le frère du
sculpteur qui nous a demandé de le suivre pour aller boire de l'eau de coco.
C'est toujours un plaisir pour les loulous de faire tomber les cocos vertes et
de les boire, cette eau est très bonne
pour la santé! On a passé le reste du temps à la plage sur un hamac fabriqué
avec des restes d’un TCP chinois qui a dû échouer.
Fête de
l’indépendance
En nous rendant à la salle, nos amis voileux sont déjà à
l'intérieur et Aguilla qui nous fait signe d'entrer. On s'asseye parterre près
de la dame que nous pensions être notre famille d'accueil. Aguilla vient
chercher Stéphane pour qu'il aille vers les hommes qui sont en séance de Kava. Certains
hommes ont commencé à boire le Kava dès 8h le matin!
Aguilla me demande de rejoindre mes amies voileuses. Longue
attente, quelques chants, quelques blablas. La coupe de Kava se promène même
chez les femmes. Certaines jouent aux cartes, d'autres fument des cigarettes
faites avec du papier journal, longues de 15cm et environ 5mm de diamètre. Près
de la porte, ils préparent du Kava sans arrêt, l’un tape avec un bois dans un
bol pour rendre la racine en poudre, l’autre mélange la poudre et l'eau dans
une bouée coupée et va sans cesse remplir la soucoupe vers le chef du village, au
milieu des hommes.
A l'extérieur des jeunes réduisent du Kava en poudre dans un
bol en fer, Timeo a pu essayer. L'une des femmes locales m'a proposé un bol de
Kava, j'ai pu refuser poliment, elle rigole en me disant que ça a mauvais goût mais
ça calme les muscles, ça leur fait du bien après une bonne journée de travail.
On sort et on rentre de la salle comme bon nous semble.
Timeo joue à l'extérieur avec des garçons locaux. Puis Aguilla vient me dire
qu'ils sont en train de préparer le manger, on mange et ensuite on part. C'est
clair que nous préférons partir avant la nuit (et les moustiques), mais sa
manière de me dire ça a étonné mes deux copines.
Le repas de fête
Les femmes ont posé deux tissus en longueur dans la salle, sur laquelle elles ont disposé la nourriture, cuite dans un four sous terre. C'est marrant de les voir mettre la table pliée en deux presque sans plier les genoux, même quand elles posent des choses du côté opposé de la « table ».
Il n'y a pas de services, on mange avec les doigts. Il y avait
plusieurs sortes de patates et autres racines, un genre d'épinards au lait de
coco mélangé avec un peu de poisson et du poisson dans une sauce curry
succulente. On s'est régalés, même si c'est pas facile de manger avec les mains
agenouillés devant son assiette.
Les gens du village sont adorables, il y a juste notre
famille qui semble être spéciale. Le retour aux dinghys à travers la forêt
pendant la tombée de la nuit a été rempli de moustiques, malgré le spray anti-moustique
qui n’a pas l’air d’être efficace.
Réparations
Même dans les mouillages paradisiaques, OLENA demande de l’entretien et des réparations.
Nous avons déjà remplacé la drisse de GV le lendemain de
notre arrivée. Stéphane a profité de son passage en haut du mat pour faire
quelques photos du panorama.
Les copains sont allés plonger dans la passe pendant que
nous démontions un des hublots de côté alors que les enfants faisaient de
l’école. Certains ne sont plus étanches et la paroi intérieure pompe l'eau. Le
lendemain, Stéphane a démonté 3 hublots supplémentaires. Pour les suivants, il
nous faudra attendre d’être à un endroit où nous pourrons acheter du matériel
pour faire les joints, notre stock est vide.
BBQ
Il était prévu de faire un BBQ tous les 7 bateaux de l’atoll,
mais la pluie a tiré un trait sur nos projets. C’est 2 jours plus tard que nous
sommes allés sur la plage faire ce BBQ, nous étions plus 4 bateaux.
Comme toujours, les moustiques se ruent sur nous dès que le
jour commence à décliner, c’est-à-dire à partir de 17heures.
Culte et repas en
famille
Le rituel Sevusevu nous rend plus ou moins au même statut
que les villageois, le dimanche nous devons nous rendre à l’église.
Aguilla nous demande de nous asseoir vers nos amis. La bonne
surprise, il y a des bancs dans l’église, nous n’aurons pas besoin de se mettre
en tailleur sur le sol. Nous nous sommes réjouis trop vite, les bancs ne sont
pas assez profonds et mis trop près les uns des autres, ce n’est pas allé long
que je regrettais ne pas être assise au sol.
Le culte a duré 1h30, tout était en fidjien. Il y a eu des
chants et beaucoup de blabla. A un moment, l’homme qui officiait est monté sur
l’estrade et s’est mis à sermonner pendant bien ½ heure. On aurait dit Hitler,
la même gestuelle, le ton, tout y était. Ensuite un autre est monté sur
l’estrade et c’était un peu du même genre. Je ne pense pas que ce sont des
pasteurs, mais des maîtres de prières, car comme en Polynésie, chaque petit
village a son église et ils n’ont pas assez de curés/pasteurs.
Puis nous nous sommes rendus à la maison de notre famille
d’accueil. Petite attente à l’extérieur avec le petit vieux sympa qui vendait
des sculptures puis le repas fut servi à l’intérieur. Le repas était similaire
à celui qu’on a eu à la fête, posé sur des nappes à même le sol. Par contre
nous avions des cuillères ! Etaient présents Aguilla, le vieux monsieur,
Koro qui est l’une des dames qu’on avait rencontré lors de notre seconde
visite, un autre monsieur qui nous a ni salué, ni parlé et 2 jeunes garçons. Le
repas fut très tranquille, on a pu échanger quelques mots avec le vieux et
Aguilla. On sentait qu’ils avaient hâte qu’on s’en aille. Le gâteau qu’on a
amené fut servi alors que la moitié des gens étaient encore en train de manger
le repas.
Aguilla nous a ensuite amené chez le sculpteur, où nous
avons toujours un super accueil. Le bol sculpté que nous avons commandé était
déjà fini ! Timeo a croisé des garçons avec qui il avait joué. Nous étions
surpris d’apprendre que le dimanche, les enfants n’ont pas le droit de jouer. Ils
vont à l’église qui est suivi du repas et ensuite ils se rendent à l’école du
dimanche.
Puis Aguilla nous a accompagnés au dinghy. Sa langue s’est
un peu déliée et j’ai pu poser des questions. Le vieux est son grand-père, Koro
sa tante, les 2 jeunes garçons des neveux de sa tante. Il est courant que les
parents travaillent dans la capitale, alors que grands-parents et famille
restés dans les îles s’occupent des enfants. Il m’a dit vouloir visiter notre
bateau, il est donc venu avec nous à bord pour un petit moment. Nous sentons
toujours un malaise avec lui. Mais il nous propose de faire une ballade
ensemble 2 jours plus tard.
Dernière visite au
village
Alors que CORAL TREKKER sont invités dans leur famille pour
une fête d’adieu, nous nous rendons également au village pour faire cette
ballade.
Stéphane devait d’abord aller voir le bateau d’Aguilla qui a
des réparations à faire. Aguilla a informé à Stéphane avoir le matériel mais ne
pas savoir comment l’utiliser. Alors que Stéphane lui explique que faire,
Aguilla lui dit qu’il avait déjà fait ceci à un autre endroit, ce qui confirme
les dires d’un autre voileux qui est par ici depuis plusieurs années. Aguilla
sait comment ça se fait mais espère qu’un voileux le fasse à sa place.
Je me suis rendue avec les filles à la salle communale pour
voir les femmes tisser, car le mardi est le jour du tissage, les femmes tissent
des tapis pendant que les hommes dorment à même le sol avec un bois en guise de
coussin. Chaque jour comporte ses travaux, le jeudi c’est la journée du
nettoyage du village.
Puis nous sommes partis faire la première ballade, on grimpe
à l’arrière du village pour arriver vers des petites grottes dans un rocher de
corail. Du chemin, nous voyons des crânes, Aguilla nous explique que les
ancêtres y emmenaient leurs morts et invite les enfants à aller voir de plus
près. Timeo a trouvé ça cool, à présent, à chaque fois qu’il passe près d’un
trou il demande « il y a une tête de mort là-dedans ? ». Il
s’est aussi mis à dessiner des crânes. Les filles sont aussi allées voir, le
tas d’os et les crânes en vrac et exposés par-ci par-là dans les rebords ont
beaucoup travaillé Cyliane.
Ensuite nous avons un peu escaladé un gros rocher de corail. Le corail ressemble à du basalte en plus clair, mais c’est une surface très désagréable, on peine à s’appuyer sans se faire mal. Une fois en haut, nous avons une vue superbe sur le lagon et la forêt.