Contournement de Singapour


C’est le jour J, le fameux jour du contournement de Singapour. Nous sommes tous un peu anxieux après les briefings que nous avons eu pour ce contournement. Le rallye a choisi la date par rapport aux courants, favorisant un jour où nous avons le courant, qui est assez fort, avec nous pour la plupart du temps.

Il fait gris, de gros nuages noirs déchirés par de beaux éclairs sont au-dessus de la ville de Singapour. A cause de la forte pluie, la visibilité par moment est très mauvaise. C’est clair que ce n’est pas la meilleure météo pour naviguer dans les eaux qui a le plus de trafic maritime au monde. On espère que c’est juste un orage passager, mais malheureusement ça durera presque toute la journée.

Nous naviguons entre la frontière maritime de Singapour, qu’il ne faut surtout pas dépasser sinon les bateaux de police viennent nous pousser hors de leurs eaux, et le bord de la voie des cargos, qui est une vraie autoroute à multiples pistes où passent des cargos jusqu’à près de 400m de long. Cette bande n’est pas très large, il y a beaucoup de navigation car c’est la route empruntée par les plus petits cargos (d’une centaine de mètres), les barges tirées par des remorqueurs, les gros cargos se rendant ou sortant de leur mouillage ainsi que certains autres bateaux qui n’ont pas forcément de transpondeur AIS.


On navigue à voile et à moteur, il pleut à tout moment, réduisant énormément la visibilité. A un moment un gros cargo sort du gris juste devant nous, il nous est impossible de lire le nom du navire alors on devine selon ce qu’on voit sur l’AIS. Il me semble qu’il peut s’agir du cargo sur la ligne du bord du « route à cargos », Stéphane pense que c’est le cargo qui vient à notre encontre en dehors de la « route à cargo ». Pas facile de savoir et il faut agir vite, ne sachant pas le nom du bateau nous ne pouvons pas les appeler. Stéphane prend la décision de virer à droite pour l’éviter car à l’œil il passerait à notre gauche ce qui tend à confirmer le point de vue de Stéphane. Malheureusement c’était le cargo naviguant sur la ligne et par cette manœuvre nous nous retrouvons à contresens sur « l’autoroute à cargos ». A cause du courant qui nous pousse de travers, ce qu’on voit à l’œil n’est pas forcément ce qu’on navigue. Misère et gros stress, surtout pour moi, heureusement Stéphane reste calme. A peine passé le cargo nous virons 90° pour passer devant le cargo qui suit juste derrière pour nous sortir de la voie maritime.

Nous continuons notre chemin, parfois qu’à la voile, entre le vent et le courant on fait pas mal d’avance, puis à nouveau il nous faut mettre le moteur. Ainsi nous dépassons et nous faisons dépasser par NANDJI à plusieurs reprises, c’est sympa de naviguer si proche d’un autre bateau du rallye.


Nous passons entre 2 plateformes pétrolières et sommes surpris de voir qu’elles ont été déplacées car l’emplacement n’est plus le même que sur nos cartes satellites.

La journée est longue mais grâce au courant nous avons pu rallier l’ancrage au sud-est de la péninsule malaisienne avant la tombée de la nuit. Les plus rapides, un bateau moteur, sont déjà bien plus loin alors que les plus lents ont dû remonter la côte est de Singapour pour aller s’ancrer au sud de la Malaisie.

Dans l’ensemble, tout s’est bien passé pour toute la flotte. Personne n’a été obligé de traverser à 2 reprises la voie des cargos, car on nous avait dit qu’il se peut que la police nous envoie de l’autre côté où que pris par le temps nous n’ayons d’autre choix que de traverser pour trouver un ancrage en Indonésie pour y passer la nuit, vu que Singapour interdit toute entrée dans son territoire pour les bateaux en transit.