Travsersée Anambas – Bornéo


Le vent a déjà pas mal forci, un gros front est en train de passer, nous allons avoir pas mal de vent. Ça changera des heures de moteur, car depuis que nous sommes en Asie du Sud-Est, nous avons fait énormément d’heures moteur. Etant trop près de l’Equateur, soit il n’y a pas de vent, soit c’est tempêtueux. Là nous avons l’avantage que le vent vient de l’arrière, donc nous ne nous faisons pas de souci.

LIDA GIRL et nous partons assez tôt le matin, les ANANDA partent quelques heures plus tard. Il y a beaucoup de pluie, la mer est bien formée, le vent est de force 7, puis 8 avec des rafales jusqu’à 48 nœuds (force 9).

Avec ce vent fort de l’arrière il pleut un peu à l’horizontale et dans le cockpit. Tout est mouillé. Par moments Timeo se met dans le cockpit et s’amuse avec les vagues, ensuite il s’attache une cape qui vole comme celle de Superman.

L’ambiance à bord est bonne, OLENA navigue bien juste sous trinquette, nous faisons 90 miles nautiques (167km) les premières 12 heures. Eliot, notre Autopilote, tient bien la barre. Dans ces moments-là, Eliot est considéré comme équipier, car sans lui les traversées seraient très pénibles.

Nous perdons assez rapidement le signal AIS de nos copains de rallye. Passant près de Natuna nous captons de l’internet et recevons le message qu’ANANDA a eu de la casse au niveau de la grand-voile, ils vont faire un arrêt à Natuna pour réparer. Quant à LIDA GIRL, aucune idée où ils sont, mais ayant un bateau plus rapide que le nôtre on les imagine devant nous.

Le jour après avoir passé Natuna nous entendons à plusieurs reprises la voix un peu bizarre de Mike de LIDA GIRL nous appelant à la VHF. Malheureusement il ne nous entend pas quand nous lui répondons. Dans ces moments-là, plein d’idées nous passent par la tête. Ont-ils un problème ? Ont-ils besoin d’aide ? Où sont-ils ? Nous n’avons malheureusement par leur e-mail, qui est notre unique moyen de communication lorsque nous sommes en haute mer.

Un peu plus tard nous croisons un cargo. Stéphane prend contact avec lui pour lui demander si par hasard il verrait LIDA GIRL sur son AIS. Oui il le voit, ils sont devant nous et naviguent à bonne vitesse en direction de Miri. Ça nous rassure. Par la suite Mike nous informera qu’il était très fatigué car Maya était KO par le mal de mer et qu’il a dû faire tous les quarts tout seul, sinon tout était OK.

Le vent tombe, la dépression est passée, le vent tourne aussi en notre défaveur, il nous faut mettre les moteurs en marche.

La traversée de ces 465 miles (681km) nous ont pris un peu moins de 3.5 jours, les moteurs ont tourné pendant 48 heures.

Partis en même temps que nous de Natuna, l’équipe qui a fait le rallye Anambas/Natuna ont également eu cette dépression. L’un des monocoques s’est presque couché, l’équipière a eu une sacrée frayeur, accentuée par le visage blême de son mari, un ancien marin pêcheur.