Makemo est un grand atoll, son village de 500 habitants est le chef-lieu des Tuamotu est. Le collège des enfants (à partir de 11 ans) se trouve ici. En période scolaire, les ados des atolls alentours vivent ici.
Chassée par un requin
Après une bonne sieste bien méritée, je me mets à l’eau pour
contrôler l’ancre et me rendre chez Beluga. Je vois passer un petit requin au
loin et plein de jolis poissons. Puis voilà qu’un requin de récif pointe noire
me fonce dessus. On aurait dit un chien qui se rue sur sa clôture parce qu’on
passe devant sa propriété. J’en menais pas large, seule dans l’eau entre 2
bateaux, Stéphane encore endormi. J’ai réagi comme lors des attaques de
balistes (ça arrive en période de ponte), j’ai mis mes palmes contre lui. Il
s’arrête net à quelques centimètres de mes pieds puis se met à essayer de les
contourner. Je plie les jambes et essaye de lui donner un coup de pied. Je ne
l’ai pas touché, mais le mouvement de l’eau l’a fait partir un peu plus loin.
Pendant ce temps, je nageais en arrière à l’aide de mes mains pour retourner au
bateau. Le requin à une certaine distance, je pouvais palmer un peu pour
avancer plus vite, on se surveillait l’un et l’autre sans se perdre du regard.
J’ai plongé avec des centaines de requins de récifs, je ne
comprends pas le comportement de celui-ci. Il lui manquait une case quelque
part. En attendant, il m’a donné une sacrée frousse.
On se retrouve
Quelques heures après notre arrivée, on voit un bateau
entrer dans le lagon et se mettre à le traverser toutes voiles dehors. Je
regarde et me dis qu’ils sont bien courageux. Beaucoup le font, mais la voile
enlève une bonne partie de la visibilité des patates de corail, pas toutes
indiquées dans les cartes. Nous n’oublions pas non plus notre expérience de
s’être retrouvés en face d’une grosse. Nous sommes moins vite manœuvrables à la
voile qu’au moteur.
Puis voilà que ce bateau nous appelle par VHF, c’est notre copain Harry
d’ITSARA ! On le pensait déjà plus loin. On se retrouvera au village d’ici
quelques jours.
Ile vierge
Les enfants voulant jouer à Robinson, une fois le soleil
moins haut dans le ciel, nous les avons débarqué tous les 4 avec leurs boissons
et une VHF sur l’île. Les 4 adultes avions aussi envie de faire un petit tour,
alors munis de nos boissons et VHF nous sommes partis nous balader plus loin
sur l’île. C’est la première fois que je voyais une île à l’état vierge. Les gens
nettoient souvent le sol en y mettant le feu. Là, le sol était tapissé de
feuilles de palmiers séchées et il faisait bien sombre à l’intérieur de l’île.
Nous nous sommes trouvés une petite place près du récif
extérieur et avons papoté et bu notre apéro jusqu’à l’appel de nos enfants.
Malgré l’anti-moustique, ils étaient en train de se faire dévorer, alors que
nous, au vent, nous étions protégés.
En Polynésie, il y a des nonos partout. On dit qu’ils ont été créés afin que
les gens ne restent pas éternellement dans ce paradis. Les nonos sont des
petites mouches, pas plus grosses qu’une tête d’épingle, qui vivent dans le
sable. En fin de journée, s’il n’y a pas trop de vent, ils nous tombent dessus
et nous lacèrent de leurs dents aiguisées.
Voici un bon descriptif des nonos, trouvé dans le livre “Le
coureur d’atolls” de Jean-Pierre Marquant (livre très instructif et
intéressant) : « Les moustiques sont un aimable divertissement
comparé à cette saloperie vivante, ce piranha volant, cette monstruosité de la
nature, ce transformateur de paradis en enfer. »
Nouveau mouillage
Le lendemain, dès que le soleil fut assez haut pour bien
distinguer les patates de corail, nous changions de mouillage. Fritz de BELUGA
a fait le voyage avec nous, les enfants ont bien joué alors que j’étais sur le
toit à guetter les patates de corail. On s’est retrouvés dans un autre endroit
idyllique, on a vraiment l’impression d’avoir plongé dans une carte postale.
C’est le week-end, pas d’école, les enfants veulent jouer, et là, ce sont 4 enfants qui quémandent. Stéphane n’a pas mis long pour mettre l’annexe et la paddle board à l’eau pour tirer les enfants. Les 4 sur la planche, certains essayaient de se mettre debout. La tranquillité du mouillage fut dérangée par des rires d’enfants et un bruit de moteur.
Le lendemain nous avons été faire un feu sur l’île pour
griller des saucisses et faire du pain sur des bâtons. Les enfants se sont
baignés dans le petit lagon alors que les mamans ont été se promener du côté du
récif extérieur.
Le vent est complètement tombé juste avant le coucher du soleil. Le lagon était plat comme jamais, un vrai miroir.
On a profité du calme de ce mouillage pour faire un petit
contrôle du gréement (mât, câbles etc…). Stéphane est monté tout en haut du mât
et a constaté un problème à la girouette. Le boulon en plastique qui maintient
la girouette en place est fendu. Heureusement que le gréeur nous avait
conseillé de mettre du papier collant autour, c’est grâce à ça que nous ne
l’avons pas perdue.
Puis Stéphane est allé dire bonjour à nos nouveaux voisins,
car c’est un bateau sœur de nos amis GRAN LARGO et il en existerait que 9 (on
en a déjà croisé 3). J’ai dû le rappeler à coup de corne de brume, car le
soleil était haut et nous voulions changer de mouillage pour nous rendre au
village, à plusieurs heures de navigation. Ça tombait bien, nos nouveaux
voisins, FOLAVOALH avaient le même projet, on va pouvoir faire plus ample
connaissance.
Traversée du lagon
On lève l’ancre derrière FOLAVOALH, mais la chaîne s’est
prise dans du corail, malgré nos 2 bouées qui maintiennent la chaîne en l’air.
Nous ne maîtrisons pas encore bien cette technique, ou alors notre chaîne est
encore trop lourde pour les bouées, pourtant elles sont par paire sur chaque
mousqueton. Nous faisons quelques manœuvres et enfin nous pouvons partir, à
l’arrière des 2 bateaux.
La traversée fut facile car nous suivions les autres. Malgré
ça, j’étais en observation sur le toit, sait-on jamais. Nous avons mis 4 heures
pour nous rendre au village. Cyliane et Timeo étaient sur BELUGA, Elina
profitant de la tranquillité.
Au début nous avions une bonne lumière, les patates de corail se voyaient de loin comme le nez au milieu du visage. Puis un nuage a couvert le soleil et les patates sont devenues difficiles à voir. N’ayant pas de vent, nous ne pouvions pas non plus voir les vagues se briser sur les rebords.
Vue sur des patates
de corail, en haut par bonne lumière, en bas avec un nuage devant le soleil
Mouillage du village
Nous avons mouillé près du village. J’ai à nouveau hissé
Stéphane en haut du mât avec le matériel pour démonter la girouette. Harry est
venu nous dire bonjour à bord de son vaa, une pirogue de course. Puis est venu
l’heure de rejoindre les petits chez BELUGA pour le gâteau d’anniversaire de
Carola.
Puis Harry nous a tous invité chez ITSARA, où il avait des
invités et membres d’équipage. Ce fut une soirée bien sympathique.
Le lendemain, je hissais Stéphane pour la 3ème fois en haut du mât pour la pose de la girouette réparée avec les moyens du bord. Alors que Stéphane était perché sur son mât, je regardais le cargo ravitailleur manœuvrer, impressionnant. Les locaux viennent l’aider avec des barques de pêche, ils se mettent à l’avant du cargo puis sur le côté. 2 Cargos délivrent Makemo, tous deux viennent toutes les 3 semaines, à une puis 2 semaines d’intervalle. Le déchargement et chargement du cargo a pris plusieurs heures.
Nous avons essayé de faire l’école ensemble avec Carola, vu
que tous font l’école en allemand et que Fritz est dans la classe entre Timeo
et Cyliane. Carola et Fritz sont venus chez nous, tous les 4 enfants se
partageant la table du cockpit, les mamans aidant par-ci, par-là. La motivation
des enfants était grande, c’est normal, c’est nouveau.
Le lendemain, Cyliane est allée faire son école chez BELUGA,
ils ont bien bossé et Timeo a profité de faire de l’avance avec moi. Le jour
d’après, vu qu’il ne nous restait pas trop de temps avant le départ, j’ai juste
fait une dictée aux 3 petits. Timeo s’est arrêté à la moitié, pour une première
dictée, c’est bien. Les deux autres se sont donné beaucoup de peine. Ça fait
plaisir.
Harry a organisé un souper au restaurant. Etonnamment, il y
a un restaurant dans ce petit village ! Il faut les soutenir et ça nous
faisait plaisir de se faire un petit resto. Nous commandons les plats
l’après-midi et on se retrouve à une table de 10 avec toute l’équipe d’ITSARA
et les bretons FOLAVOALH. Les enfants sont à la table d’à côté, dégustant une
pizza à l’emporter du voisin. Les assiettes sont belles et copieuses, tel ce
qu’on voit chez nous. Je n’aurais jamais cru voir ça dans un endroit comme les
Tuamotu, je m’imaginais plutôt un genre d’assiette comme dans les Caraïbes.
Le lendemain, lors de notre promenade dans le village, Stéph
et moi sommes passés au magasin, qui vend entre autre de l’essence, pour
réserver 2 magrets de canard pour les BELUGA, ils se feront un petit tête à
tête. Fritz passera la nuit chez nous. Les enfants aiment bien dormir ensemble,
chez nous, chez BELUGA…
Alors qu’on se baladait Stéph et moi, un enfant vient me
demander où sont mes enfants. Car le jour d’avant, ils avaient joué ensemble
sur la place devant le débarcadère. Il y a si peu de touristes, qu’ils repèrent
vite qui a des enfants.
On est passés devant la maison d’un monsieur qui fait du pain coco 3x/semaine.
Le jour d’avant, il nous avait dit qu’il en ferait le lendemain. Il m’a reconnu
et m’a raconté qu’à 7h30 tout était déjà vendu ! Mais il m’a mis un paquet
de côté. Quelle gentillesse de sa part. Nous lui avons acheté le dernier paquet
de ses excellents pains cocos, cuits tels des beignets. Un délice !
Nous avons longé la passe, malgré le peu de vent et de
houle, les vagues qui se brisent des deux côtés sur le récif sont
impressionnantes. Les courants dans la passe sont bien visibles.
On a même fait un saut jusqu’au site des éoliennes. 6 éoliennes sont couchées, la plupart sans pales. Toutes ont un treuil pour les lever ou les coucher, je n’ai jamais vu ça avant. C’est peut-être pour les coucher en cas de cyclone ? C’était triste de voir des gros groupes électrogènes tourner au fuel juste à côté du tas des pâles dans le parc des éoliennes, alors qu’ils ont l’installation pour faire de l’électricité plus proprement.