Ua Pou

A peine sortis de la baie que nous voyons SERENITY qui devait être partis plus ou moins dans les mêmes heures. Nous avons fait la traversée pour changer d’île ensemble.

L’arrivée à la baie d’Hakahetau était aussi belle qu’on nous l’avait décrite. Des pitons rocheux sortent des montagnes et l’un des pics est très souvent dans les nuages. La baie était un peu houleuse, mais ça allait encore. SERENITY arrivés à peine après nous ont fait un tour de repérage et ont changé de baie. Jost avait besoin de quelques nuits sans houle.

Nous sommes allés à terre nous promener et repérer la chocolaterie pour nous y rendre le lendemain. Surprise, le chocolatier habite dans la montagne à 3km du village. A mi-chemin, il y a une chute où l’on peut se baigner. Nous nous rendons à la chute, croisant une autre famille de plaisanciers qui revenaient de chez le chocolatier. En chemin, un pick-up arrive en sens inverse et s’arrête. C’était le chocolatier ! Ça tombait bien, on a pu se renseigner des horaires d’ouverture. Il a bien rigolé, en général il est à la maison, il n’y a qu’à passer. A son retour, il nous a pris pour nous déposer vers les chutes.

Au retour, nous nous sommes arrêtés vers un snack recommandé par des plaisanciers. Le tenancier fut bien sympa et nous avons eu une chouette discussion. Il nous a appris que les îles du nord des Marquises ont souffert de sécheresse cette année, ce pourquoi ils ont peu de citrons et que les pamplemousses sont si petits. Nous le regardions hébétés, les plus petits pamplemousses font 1kg, les plus gros 1.5kg ! Sur quoi il nous dit que d’habitude, un gros pamplemousse fait 4kg ! Impressionnant, nous n’arrivons même pas à imaginer.

Le lendemain, jour d’anniversaire d’Elina, nous partions chez le chocolatier. J’ai fait un saut au snack amener un peu de confiture de fuit à pain fait maison, il était étonné, pourtant j’avais dit que j’en amènerai pour qu’il la goûte.

 

 

Le fruit à pain mûr

Nous utilisons le fruit à pain comme une pomme de terre, tout comme les Marquisiens. Un jour, mon fruit était mou d’un côté et en coupant dedans, j’ai été surprise par l’odeur, la texture et le goût semblable au corossol. Je savais qu’on consommait le fuit pas mûr en légume et que le fruit mûr devenait un fruit comestible sans cuisson. Mais comme tout le monde jette les fruits mous aux cochons, je n’avais jamais fait attention.

J’ai sorti la partie molle, on aurait dit que je versais de la fondue au fromage. Timeo étant le seul à vraiment aimer le corossol, j’ai pensé en faire de la confiture pour pouvoir le conserver plus longtemps. Le résultat fut surprenant. La texture était celle d’un miel crémeux et le goût celui d’un miel de caractère. Un délice ! Nous espérons avoir des nouvelles de Tipiero, le tenancier du snack, pour savoir s’il a aimé ou non. Il était si négatif sur le fruit mûr et peinait à imaginer que la confiture soit bonne.

 

Le chocolatier

Nous avons marché les 3km jusque chez Manfred, le chocolatier. Rien que le bonhomme vaut le détour, sans parler de son chocolat qui est délicieux.

Manfred est allemand, ses grands-parents d’origine tchèque. Il était masseur sportif et avait un salon de massage et sauna en Allemagne. Un jour tout a pris feu et il a perdu beaucoup d’argent. 2-3 jours après l’incendie, il a vu un reportage sur Tahiti, et quelques jours plus tard, il y débarquait pour une nouvelle vie. Il y a été pilote d’hélicoptère avant d’atterrir à Ua Pou et de mettre 3 ans à trouver comment fabriquer son chocolat.

Sa maison, faite de ses mains, est dans les montagnes bien loin de tout. Un ruisseau passe à côté et il l’utilise pour faire son propre courant. Il a fabriqué une roue à eau qu’il a mis dans un vieux congélateur coffre pour en réduire le bruit. La roue est reliée à un alternateur d’auto, relié à quelques batteries d’auto. Et tout comme sur les bateaux, il a un convertisseur qui transforme le 12V des batteries en 220V. Ingénieux, fallait y penser !

La cuisine est ouverte sur l’extérieur et nous prenons place sur un banc faisant office de bar. Il sort une boîte dans laquelle se trouvent des carrés de chocolats divers. Malheureusement ils ne sont pas séparés, c’est difficile de savoir quels chocolats nous goûtons. C’est un chocolat noir, pas amer et pas trop sucré, juste ce qu’il faut. Il y en a aux noisettes, à la noix de pécan, macadamia, gingembre, café, oranges… et les noix, le café tout comme les fèves de cacao poussent dans son jardin !

Les enfants ont pu se baigner dans sa piscine, qui est un bassin alimenté par le ruisseau qui fait office de réservoir pour les plantations plus basses.

C’est quelques heures plus tard, après de longues discussions très intéressantes et avec une dizaine de plaques de chocolats achetées que nous le quittions.

 

L’anniversaire d’Elina

En chemin de retour, nous sommes retournés à la chute, cette-fois pour s’y baigner et pique-niquer. L’eau fraîche et douce fait du bien !


Ensuite nous nous sommes dépêchés de retourner au bateau, récoltant les citrons et pamplemousses sur le sol le long du chemin, sans oublier de passer chez un des villageois qui nous avait proposé des mangues. C’est alourdis de près de 20kg de fruits que nous remontions à bord.

Nous avons monté l’ancre et sommes allés retrouver SERENITY dans une baie plus au sud. C’est ensemble qu’Elina a soufflé ses 13 bougies et que nous avons mangé le délicieux gâteau choco-coco de ma propre recette. Nous n’avons pas fait tard, car le lendemain, c’était le grand départ pour les îles Tuamotu, à 3 jours de navigation de là.