Panama - Galápagos

 



Nous quittons Panama City pour nous rendre à nouveau aux Perlas. La coque du bateau doit être toute propre, car un plongeur viendra contrôler à Galápagos, pas une algue, ni un coquillage n’est permis. Vu la prévision du vent, nous décidons d’y rester 2 nuits pour avoir une meilleure fenêtre météo. Nous profitons une dernière fois des plages d’îlets déserts.

1er jour, mardi

Nous levons l’ancre des Perlas une bonne demi-heure après SERENITY. Chacun va son chemin, ils ont l’air de se rendre contre le cap qu’on nous avait conseillé ne pas s’approcher. De plus, il y a une route à cargo, nous ne les suivons pas et suivons plus ou moins notre route. On se perd de vue sur AIS assez rapidement, on ne s’entend plus non plus à la VHF.

C’est calme, il  n’y a pas de vagues dans le golfe de Panama, j’en profite pour faire de la confiture de tamarin et du nettoyage. Juste avant le coucher du soleil, voilà qu’un poisson mord à l’hameçon. Nous naviguions vite, il fallait freiner. Les moteurs en marche arrière, Elina et moi affairées à rentrer notre code 0, Stéphane et Timeo affairés à ramener la belle bonite bien grasse à bord à l’aide de Cyliane qui amenait les outils nécessaires. Les enfants voyaient déjà les petits poissons carrés panés, mais malgré la grosseur du poisson, nous estimions qu’il était trop petit pour en faire des sticks.

La nuit, on a vu quelques cargos, les vagues ont un peu grossi. Nous n’avons pas pu suivre notre route, l’angle par rapport au vent n’était pas favorable, on a fait un petit détour jusqu’au petit matin. Le quart de lune s’est levé vers minuit, ce qui nous a fait une demi-nuit un peu plus éclairée.

2ème jour, mercredi

Journée tranquille, on s’affaire à nos choses. Certains estomacs peinent un peu avec les vagues, qui sont pas si grandes mais de côté, car nous avons changé de cours et de voile.

La nuit fut plus calme, pas de bateau en vue. Pourtant SERENITY ne doit pas être très loin selon leurs positions que nous recevons par mail. Nous ne les voyons pas, ni sur radar, ni sur AIS et ne les entendons pas non plus à la VHF.

Les nuits pendant mes quarts, je regarde les étoiles, la voie lactée et pense aux copains en navigation comme nous en ce moment et je me sens moins seule. Je pense à WILDERNESS en route pour les Marquises et je souris au fait qu’eux, SERENITY et nous avions pris des équipiers pour la transatlantique, et là pour la trans-pacifique, bien plus longue, personne n’en a pris.

 

3ème jour, jeudi

Le vent est tombé, nous avons sorti notre Parasailor. Nous voyons au loin SERENITY se rapprocher. Ils nous appellent par VHF mais ne nous entendent pas leur répondre. On a affalé la voile et nous sommes laissés dériver pendant 2 heures, le temps de se doucher sur la plage arrière et de laisser SERENITY se rapprocher. Puis nous les avons rejoints, tous deux au moteur car plus de vent. Nous étions à moins de 10m l’un de l’autre et pouvions communiquer de vive voix.

On s’est séparé un peu pour la nuit. Mon premier quart, nous étions au moteur. Dès 22h, le vent a fraîchi et j’ai réveillé Stéphane ½ heure plus tard pour son quart l’informant qu’on pouvait sortir le  Parasailor. Le tout nous a pris un peu plus d’une heure puis je me suis couchée dans le carré, afin d’être au plus près si Stéphane avait besoin d’affaler la voile. C’est la première fois que nous naviguions de nuit avec cette voile (un genre de spi). A 2h30, le vent avait commencé de tourner, nous avons décidé de changer de voile. Nous avons passé plus d’une heure sur le pont à affaler le Parasailor, le descendre du mât, monter le code 0 au mât, monter la grand-voile et ouvrir le Code 0. C’est à 4heures que Stéphane a pu aller se coucher et que j’ai commencé mon second quart. C’est à 7 heures du matin que j’ai pu aller dormir ma seconde moitié de nuit.

Des nuits comme ça, j’espère qu’on n’en aura pas trop. Faire quelques réglages de voile ensemble et décaler les quarts de 15-30 minutes, ça va, mais 2h30 sur une nuit, c’est un peu beaucoup et la fatigue se fait sentir rapidement.

 

4ème jour, vendredi

Nous sommes toujours assez près de SERENIY, on essaye de maintenir une distance afin de pouvoir se voir sur AIS et s’entendre à la VHF. Dès le lever du jour, j’ai pu mieux régler les voiles et Olena a pris de la vitesse. Quelques heures plus tard, nous dépassions SERENITY.

La journée fut pimentée par la « fête montagne » comme ils disent en allemand. C’est quand on a fait la moitié du trajet, on est en haut il ne reste plus que la descente, qui généralement passe plus vite. Les enfants ont préparé un smoothie et des chips. Les chips ont tendance à amener beaucoup de bonne humeur chez nos enfants.



Pour le souper, nous avons fini notre filet de bœuf. Nous ne pouvons, entre autre, pas avoir de viande fraîche à notre entrée aux Galápagos, nous finissons donc les denrées interdites en se faisant plaisir. De plus, c’est certainement notre dernière bonne viande avant des mois ! C’est dommage qu’on n’ait pas pu la garder pour l’anniversaire de Stéphane.

Avec notre avancée contre l’ouest, la nuit tombe de plus en plus tard. Nous changerons d’heure une fois arrivés à destination, il n’y a qu’une heure de décalage. A peine la nuit tombée, je perçois derrière nous, un voilier. On demande à SERENITY s’ils le voient sur AIS, ce qui n’est pas le cas. Ils aperçoivent, comme nous, la grosse lumière d’un chalutier, mais ne voient pas le voilier. Un peu plus tard, je le distingue sur OpenCPN et je transmets leurs données à SERENITY. Juste après, ce bateau me contacte, ils ont entendu qu’on parlait d’eux. Ce sont des australiens, TRIPLE SHOT qui comme nous, prévoient arriver à Galápagos lundi matin. Nous passons la nuit à 3 bateaux, c’est sympa de ne pas se savoir seuls.

 

5ème jour, samedi

TRIPLE SHOT nous avaient dépassés pendant la nuit et sont partis plus au sud avant de se retrouver derrière nous. Il leur a fallu la journée entière pour nous dépasser à nouveau. A notre hauteur, nous avons eu une conversation sympa par VHF, ils voulaient savoir quel type de bateau nous sommes, ça faisait 1 heure qu’ils nous observaient et se posaient la question. Puis ils ont posé plein de questions sur nos voiles. Leur bateau est un trimaran Neele, un bateau très rapide.

Sachant que le vent allait tomber prochainement, nous avons continué à notre vitesse, profitant du vent. SERENITY était un peu plus à l’arrière, trop loin pour l’AIS et la VHF.

On passe nos journées et nuits à admirer les animaux. Il y en a, on en voit tous les jours ! Des oiseaux surtout, des fous, hirondelles et genre de mouettes. Un soir, 2 fous essayaient de se poser sur nos barres de flèches (barres perpendiculaires dans les hauteurs au mât), c’était marrant. De nuit, des oiseaux blancs volent autour de nous et essayent de pêcher à l’avant entre nos coques, je suppose que notre lumière de navigation doit attirer certains poissons. On les entend communiquer, le son ressemble pas mal à celui de Gaston, le fou qui nous a accompagné lors de la dernière traversée. Un jour, une hirondelle s’est posée sur notre canne à pêche, qui était rangée sous notre toit.

Le vent est tombé peu avant à 3h00. Nous nous sommes mis en dérive afin que SERENITY puisse nous rattraper. C’était agréable de pouvoir passer mon quart à somnoler avec un réveil tous les 15-30 minutes.

 

6ème jour, dimanche

Vers 6h15, SERENITY étaient à notre hauteur et nous avons fait du moteur. A 13h00 nous nous sommes arrêtés pour faire un saut dans l’eau par plus de 2’500m de profondeur (une corde flottante reliait les 2 coques) et je m’étonne d’y avoir été avec les enfants en toute confiance. C’était un truc que je n’aurais jamais voulu faire lors de la transatlantique. Jost & Stéphane ont passé un dernier coup de brosse aux coques de bateaux, dont des algues avaient déjà recommencé de pousser.

Avant de repartir, nous avons vu un aileron sortir de l’eau. Difficile de dire ce que c’était, les mouvements n’étaient pas ceux du dauphin, plutôt celui du requin, mais nous n’avons pas vu sortir la queue. Quelques heures auparavant, on a bien vu un requin à côté de nous, aileron et bout de queue sortaient de l’eau par moments.

A 18h35, nous passions l’équateur ! A nouveau, on s’est laissé dériver pour fêter l’occasion avec les petits rituels de marins. Nous avons d’abord occupé les enfants sur la plage arrière à faire l’expérience du sens de rotation du siphon pour qu’ils ne voient pas ce qui les attendait. C’est avec 2 seaux d’eau douce que nous les avons baptisés ! Ils n’avaient jamais passé l’équateur ! Le tout a fini en bataille de seaux d’eau de mer et tout le monde a sauté à l’eau (pas en même temps !). Nous avons essayé de filmer, mais le cadrage n’est pas top, nous espérons que le film de Jost sera meilleur, car il nous tournait autour. Ensuite il fut temps de remercier Neptune et lui faire le don d’un peu de Rhum et de pièces de monnaie. Le courant nous ayant poussé au nord, il nous a fallu repasser l’équateur une seconde fois, ou plutôt une troisième fois.

Le vent avait l’air de s’être levé, nous sommes repartis toutes voiles dehors, pour faire du moteur une heure plus tard. Dernière nuit calme, sous moteur.

A l’approche de Galápagos, on voit des bateaux à l’AIS à des distances qu’on ne voit jamais en temps normal. On distingue tous les bateaux autour des îles (on doit garder l’AIS en marche tout le temps ici). On voit TRIPLE SHOT qui nous a devancés d’un peu plus de 30 miles. On les retrouvera d’ici quelques heures dans la baie. Nous avons eu la surprise de voir ALKYONE une 15aine de miles à l’avant. Était-ce eux la lumière que je distinguais une  nuit au nord ? Très probablement.

 

7ème jour, lundi

Nous longeons l’île de San Crístobal, qui a l’air déserte. De gros rochers sortent de l’eau par endroits, ça a l’air magnifique. Puis 4-5 dauphins sont venus nous souhaiter la bienvenue, à peine partis qu’on voit une grosse baleine devant nous. Il y en avait tout autour de nous, comme elles se déplacent, il était difficile de les compter mais pour sûr il y en avait au moins 4-5. Nous nous sommes laissé dériver un moment pour les regarder.


Nous avons suivi SERENITY dans la baie, où nous retrouvions plusieurs bateaux connus, dont les allemands ALKYONE avec leurs 5 enfants, arrivés 2-3 heures avant nous. Ce fut une joie pour les enfants, les copains sont là !  Des otaries tournaient autour des bateaux et squattaient pas mal d’entre-eux. Quel agréable (et odorant) comité d’accueil !