Après une bonne nuit de sommeil, il a fallu d’abord commencer à ranger. Notre bateau ressemblait (et ressemble toujours encore) à un appartement dans lequel on vient d’emménager. A la seule différence, que nous n’avons pas déménagé des cartons, mais des sacs à commissions. Stéphane était descendu avec une voiture pleine et à ma demande, à tout déposé sur le lit d’Elina, dans la douche et partout où il y avait de la place. Car les 4 jours passés à Canet avec Paul étaient consacrés à la préparation du bateau et non à l’emménagement.
Puis notre ami Pablo
de Perpignan, à qui nous avions demandé de nous accompagner hors du Golfe du
Lion, est passé. Le Golfe du Lion en octobre, ce sont les tempêtes d’automne.
L’an dernier, c’était de la folie. Nous angoissions un peu, mais ne pouvions
malheureusement pas partir plus vite. Cette année, la météo est très bizarre,
nous avions du brouillard en juillet-août et en octobre, pas un pet de
vent ! Il nous fallait sauter sur l’occasion de cette magnifique fenêtre
météo et partir au plus vite. Nous avons donc décidé, un peu poussé par Pablo
qui avait bien raison, de partir le soir-même. Il m’a donc déposé au
supermarché le temps qu’il aille prendre quelques affaires, et à peine de
retour, nous avons largué les amarres ! Nous ne sommes pas partis bien
loin vu que c’était le soir. Nous avons navigué au moteur 1h30 pour arriver à
Collioure, très bel endroit, que nous avions déjà visité l’an dernier.
Ségolène la femme de
Pablo, accompagnée par Elsa et Alexandre leurs enfants sont venus nous
rejoindre à Collioure pour le souper. Ce fut une soirée sympathique, où nous
leur avons fait découvrir les röstis.
Au réveil, Stéphane a
sorti son drone pour essayer d’avoir quelques images de notre bateau dans cette
magnifique baie. Malheureusement le brouillard était parmi nous, par chance un
peu en hauteur.
Nous avons levé
l’ancre le matin pour nous rendre dans un autre endroit magnifique. Mais avant
d’y être, nous devions changer le drapeau du pays d’accueil, c’est Elina qui s’est
chargée de hisser le drapeau espagnol. Pablo nous a amené dans une crique au Cabo
Creus, endroit qui peut être très dangereux par mer agitée, mais nous avions
une mer d’huile, donc aucun souci. L’endroit est magnifique, nous avons fait
une petite ballade pour découvrir les rochers creusés par le vent et l’eau. Le
phare s’est découvert de son brouillard juste pour me faire un petit coucou
avant de se recouvrir. (Pour ceux qui ne le savent pas encore, j’aime beaucoup
les phares).
Puis nous avons levé
l’ancre à nouveau pour être dans le brouillard total à peine hors de la crique.
C’est équipé d’une corne de brume à l’avant du bateau que nous faisions le guet
pour continuer notre route. Nous avons croisé 2 bateaux de pêche arrêtés au
milieu dans le brouillard ! Puis le vent s’est levé, ainsi que le
brouillard qui est monté de quelques mètres, et nous avons sorti les voiles.
Nous avons décidé de naviguer de nuit afin d’avancer et aussi pour faire notre
première nuit à l’aide de quelqu’un d’expérimenté. Ça fait bizarre de voir
passer d’énormes cargos à moins d’un mile nautique de notre petit bateau,
faudra qu’on s’y habitue, il parait que Gibraltar c’est pire.
Le vent a continué de
fraîchir, nous avons dû mettre un ris (rétrécir la grande voile) à 2h du matin.
A 4h du matin, nous avons ancré dans une jolie baie, à Tossa de Mar. Nous avons
dérangé les goélands qui dormaient sur une île rocheuse, elles nous l’ont bien
fait comprendre ! Nous avons essayé de dormir quelques heures, chose qui
n’était pas très facile, la houle était assez forte et notre bateau se faisait
secouer dans tous les sens. Comme nous n’avons toujours pas eu le temps de tout
ranger, il y a des choses qui sont tombés, c’était prévisible! Je suis restée
couchée au salon afin de pouvoir contrôler plus facilement si l’ancre tient
bien.
Nous sommes repartis
vers 9h, direction Barcelone. Il n’a pas été facile de trouver une place de
port, soit ils étaient complets (salon nautique à Barcelone) ou alors ils
étaient très chers (€174.- pour une nuit !). Nous avons trouvé une place à
Badalona, petite ville au nord de Barcelone.
Nous avons passé notre
dernière soirée avec Pablo dans un bar à Tapas, nous nous sommes régalés. Le
lundi nous l’avons passé au port, à faire la lessive, du rangement et des
achats. Comme nous avons trouvé quelques denrées dont nous devrons faire bonne
provision pour la transatlantique à de bon prix, nous avons fait 2 voyages et
commencé de remplir nos bocaux étanches. Le bateau s’est ainsi trouvé alourdi
d’une vingtaine de kilos de farine, de 6 kilos de riz et de diverses boîtes de
conserve.
Pourquoi des bocaux étanches?
Sur un bateau, tout devient humide et c’est encore pire en mer. Et il y a aussi
une 2ème raison, les parasites. Parfois, on achète des denrées qui
ont des parasites (oui, même en Suisse, j’ai eu des petites bêtes noires dans
la farine), ces animaux se développent dans la nourriture et s’ils ne sont pas
séparés, c’est tout le stock qui en est contaminé. Nos boîtes étanches ce sont
des bouteilles d’eau 5 litres vides et des boîtes d’épices Oswald vides, que
nous collectionnons depuis des années et utilisions déjà sur notre précédent
bateau.