Vendredi matin 20 octobre, nous jetions les amarres pour partir un peu plus au large, rejoindre les îles Columbrettes. 12 heures de navigation. Ne vous imaginez pas que les heures de navigation ressemblent à un voyage en voiture. Il y a l’autopilote qui navigue et nous qui contrôlons régulièrement les cartes, le trafic maritime, la position des voiles (car le vent tourne) etc… On ne s’ennuie pas et on a du temps à passer en famille.
Les enfants jouent, lisent, se disputent, tout comme à la maison. C’est avec la tombée de la nuit que nous arrivons à la plus grande des îles, une île en forme de C avec des bouées au milieu. Nous étions seuls, au pied d’un phare, sous une mer d’étoiles sans lune. Nous en avons profité pour regarder les étoiles, loin de la « pollution lumineuse » de la terre. C’était magnifique, les enfants ont adoré.Le lendemain était
consacré à la baignade, un tour autour de l’île en bateau pneumatique et au
nettoyage des coquillages restés collés sur la coque. C’est dingue ce que ça colle
bien, malgré des pointes à 10 nœuds (plus de 18 km/h), ça colle bien sur la
coque, il faut gratter fort avec une spatule en plastique pour les décoller.
Nous avons aussi changé le log dans le passe-coque. C’est un petit capteur qui
nous donne la vitesse dans l’eau (qui n’est pas forcément la même que celle sur
terre, tout dépend du vent et des courants), cet instrument est important
également pour que l’électronique puisse calculer le vent réel. Il traverse la
coque et une petite roulette pend sous le bateau. Stéphane avait nettoyé
l’ancien le 4 août lors de notre sortie, mais les coquillages et autres
parasites l’avaient déjà bloqué. Nous l’avons donc remplacé et gardé l’ancien
que nous avons nettoyé. Ainsi nous pourrons changer de capteur à chaque fois
que l’un est bloqué. Chose que je n’aime pas trop faire, car à chaque fois, on
ouvre un trou dans la coque et de l’eau entre, malgré les valves automatiques.
Plusieurs bateaux de
touristes et des bateaux de plongées sont venus, tant il y a de belles choses à
voir. Pour 2 plongeurs, pas facile d’être sur de superbes sports de plongée et
ne pas pouvoir plonger. Nous avons tout à bord, mais nous ne pouvons pas
laisser les enfants sans surveillance. Heureusement, il y a le pmt (palmes,
masque, tuba), que nous pouvons faire tous les 5.
A un moment je dis aux enfants de regarder dans quel endroit
paradisiaque nous sommes qu’Elina me répond « ah non, ce n’est pas le
paradis, il n’y a ni manguier, ni ananassier ! » puis a Cyliane de
rajouter « il manque les bananiers aussi ! ».
Loin de tout réseau
internet ou téléphonique, les gardiens de l’île (ornithologues, biologistes
marins etc…) ont donné la météo en espagnol par radio VHF vers 17h, ils
annonçaient beaucoup de vent du nord de 23h à 7h du matin, comme on restait
pour la nuit, aucun problème. Puis les gardiens nous ont appelés
personnellement pour nous demander si nous avions compris le message, et c’est
là qu’on s’est rendu compte que je n’avais pas réalisé qu’avec cette direction
du vent, la baie n’était pas protégée. J’avais vu un C ouvert à l’est, mais en
fait, elle était ouverte sur nord-est et ceci change tout ! Nous avions le
choix de partir, de choisir une autre bouée à l’intérieur (un petit peu
protégée de la houle) où une bouée à l’extérieur (un peu protégée du vent).
Nous avons donc commencé à ranger toutes les choses de bain que nous faisions
sécher tout en réfléchissant à la meilleure des solutions. Nous étions
plusieurs bateaux, certains sont partis, mais nous avons décidé de rester pour
plusieurs raisons. Le temps d’être prêts, il commençait à faire sombre, il y a plein
d’îlots et rochers non éclairées aux alentours de plus la nuit était sans lune,
puis nous n’avons pas encore beaucoup d’expérience de navigation de nuit. La
terre la plus proche étant à 30 Miles nautiques (6 heures de navigation en
comptant 5 nœuds de moyenne) et comme nous voulons aller au sud, ça rallonge
les distances. De plus, nous allions avoir 5 puis 6 Beaufort lors de la
traversée, donc pour toutes ces raisons, il était plus sage de rester à se
faire secouer à une bouée. Nous étions 2 bateaux à rester, rejoints par un 3ème.
Puis un voilier est arrivé, a descendu sa grande voile pour y monter une voile
de tempête avant de repartir. De voir ça, ça nous a confirmé que notre décision
était la bonne.
Les filles ont bien
dormi, Timeo et nous ce n’était pas le cas, on avait l’impression d’être un
bouchon se faisant secouer sur une mer déchaînée. Le vent hurlait dans les
haubans. D’ailleurs Timeo me demandant ce qui faisait
« ouuuuh ! » je lui ai dit que c’était le vent qui chantait. Sur
quoi il me répond « bein il ne chante pas bien le vent !"
Islota Columbrete grande – Moraira