Kadavu

 


La prochaine fenêtre météo pour rejoindre Kadavu, au sud-est, arrive quelques jours plus tard. Nous en profitons, ainsi que nos amis O2 et POGEYAN en partance de Denarau. C’est une flotte de 3 bateaux qui débarque au petit matin sous la pluie à la pointe ouest de Kadavu.

 

La baie choisie est pleine de houle, nous allons nous ancrer une baie plus loin, conseillée par nos amis CORAL TREKKER arrivés une semaine avant nous.

Nous profitons de la marée haute pour parer au protocole, c’est-à-dire aller au village munis de nos paquets de racines de Kava nous présenter au chef pour le traditionnel Sevusevu. J’ai trouvé sa cuisine/buanderie très intéressante, voyez par vous-même sur la photo au milieu à droite.

Navuso Creek

Le vent change rapidement de direction ce qui nous donne l’occasion de nous rendre à la baie convoitée pour y plonger. Cette baie est ouverte à la houle des alizées, mais comme nous sommes encore en saison cyclonique, la direction des vents change pas mal ce qui nous donne la chance de rester une dizaine de jours à profiter de cette baie avec son magnifique récif de corail.


Images de drone : POGEYAN

Nous plongeons tous les jours, parfois même 2 plongées. Des 3 bateaux, nous sommes tous les 6 adultes des plongeurs confirmés. Quand Kenny, le matelot d’O2 plonge également, l’un de nous deux reste à bord pour les enfants. Sinon c’est Kenny qui est joignable par VHF en cas de besoin.


Greg d’O2 est un photographe sous-marin depuis plus de 50 ans. Au départ, il était plongeur secouriste (ceux qui sautent à l’eau tout équipés depuis les hélicoptères) dans la marine australienne. Il fait de superbes photos pour leur association Oceansoldiers.com. C’est toujours un plaisir de plonger avec lui, un vrai passionné. Voici quelques-unes de ses photos, parfois nous lui avons servi de modèle.




Photos : oceansoldiers.com

Les POGEYAN sont partis rejoindre nos autres bateaux amis, plus au nord. Greg et nous, sachant qu’il ne sera certainement plus possible de revenir les 6 prochains mois, décidons de rester et de profiter. Le récif est très long, il y a beaucoup à découvrir. La structure est très intéressante, des gros cailloux sont empilés les uns sur les autres créant ainsi des passages couverts. A d’autres endroits il y a des canyons, parfois même polis avec des creux ronds et des pierres à l’intérieur, comme dans les rivières. Le tout est surmonté de corail dur en excellent état.

L’environnement est idéal pour les murènes, poulpes et langoustes, malheureusement nous ne voyons aucune murène ni poulpe, quant aux langoustes elles sont très rares et bien cachées. Nous en déduisons qu’ils y ont peut-être été surpêchés. Le fin palais des touristes, c’est de l’argent facile pour les locaux qui ne se rendent pas compte qu’ils détruisent leur écosystème en surpêchant certaines sortes d’animaux.

Un des locaux nous a informés que parfois, certains viennent de Suva, la capitale, la nuit pour leur voler leurs poissons/langoustes, et ils se servent en grande quantité. Nous avons effectivement pu voir un bateau qui n’est pas du village venir pêcher sur ce récif.


 

Le village

Image de drone : POGEYAN

 

Voyant des bateaux dans leur baie, les villageois cherchent le contact facilement. Alors que Stéphane et Timeo jouaient sur la plage, un jeune homme les a accosté et nous a invités à aller au village. Depuis il nous appelait presque tous les jours pour qu’on vienne le chercher avec ses amis.

A leur demande, nous sommes allés faire un tour au village. Nous avons été priés de venir à quelques petites fêtes, qui sont toutes pareilles pour nous. Les hommes importants sont au milieu d’une salle en train de boire du Kava, d’autres sont autour à boire également, à l’extérieur une équipe prépare le Kava afin que ce soit toujours plein, tout en buvant également. Moi j’arrive à m’esquiver pour ne pas en boire, pour Stéphane, c’est un peu plus difficile. C’est vraiment pas bon, c’est de l’eau boueuse au gout de terre réglissée qui endort la bouche, de plus c’est considéré comme drogue dans notre pays. Il y avait aussi des chants, des blablas et ils mangeaient beaucoup de bonbons, ce peuple mange beaucoup de sucre.

Le vendredi Saint, notre nouveau copain nous appelle, une famille veut venir à bord. Tous les enfants à la plage voulaient suivre, Stéphane a pu éviter l’invasion très diplomatiquement en prenant uniquement la famille à bord. Cette famille est venue nous amener un repas Pasqual local. Fruit à pain, aubergines, chaussons de viande de mouton en boîte, ils cuisinent avec ce qu’ils ont et c’était très bon!

Etant dans des endroits reculés où tous se connaissent, nous avons parfois l’impression d’être les animaux du zoo que les locaux viennent visiter. Ils adorent venir à bord voir comment nous vivons. C’est parfois un peu envahissant, mais ça part toujours d’un bon sentiment.


 

La découverte de nos poubelles

Comme toujours, une fois à bord ils posent beaucoup de questions et nous leur expliquons. Alors que le petit de 6 ans voulait jeter son papier d’emballage de sucette par-dessus bord, je lui ai montré la poubelle et nous leur avons expliqué que nous gardons à bord toute nos déchets depuis notre départ de Denarau, en triant le verre, le métal, le plastique et le reste. Notre sac à poubelle bien rempli fermé par une pincette pour que rien ne s’envole les a impressionnés. J’ai quand même retrouvé la tige de la sucette sur le sol de notre salon.

Je n’ai jamais vu de poubelle dans les villages, ils jettent tout au sol. Une fois par semaine, ils ramassent ce que le vent et la pluie n’a pas enlevé et jettent tout dans un trou et y font un feu. Tout y est brûlé, PET, plastique, verre, papier, métal, tout ce qu’ils ne peuvent plus servir. C’est ça la vie dans les îles, ce pourquoi il serait bien de diminuer les emballages plastiques et PET, ça marche dans les pays dit civilisés où nous avons des incinérateurs avec filtres et du recyclage, mais c’est loin d’être le cas dans le reste du monde.

Le lendemain, nous avons retrouvé la famille qui nous a visités. La maman m’a expliqué que son fils a vu des copains jeter des emballages de bonbons à terre et leur a dit « c’est pas bien, Laure et Séphane ont dit… ». C’est si mignon ! Mais le but n’est pas « Laure et Stéphane ont dit », mais « ce n’est pas bon pour la nature ». Pourtant, à l’école, les maîtres leur font les cours sur les littering, nous avons vu plein d’affiches sur les murs des classes, faits par les élèves.

Mon avis personnel est que tant qu’ils n’auront pas de poubelles, ça ne marchera pas.


J’ai enfin terminé de fabriquer nos nouveaux coussins de cockpit