Ce fut déjà le temps de se quitter, TEMPTATION retournant à Hiva Oa / Tahuata et nous à Ua Pou, malgré l’invitation à un grand kai kai (buffet) organisé dans l’île où plusieurs nous ont demandé d’y participer.
On a traîné une ligne, comme souvent. Un marlin a mordu à l’hameçon, on l’a vu
sauter hors de l’eau à plusieurs reprises. Il déroulait le fil sur le moulinet,
Stéphane le ramenant petit à petit pendant qu’Elina et moi essayions de
ralentir le bateau et de tourner afin que la ligne, dont le marlin avait
tendance à tirer sur notre côté, ne passe pas sous notre coque et dans notre
hélice. Nos efforts ont été en vain, car la ligne a cassé, le poisson étant
bien plus lourd que ce que supporte notre ligne. C’est dommage qu’il n’ait pas
mordu sur l’hameçon de l’autre ligne, car là, nous avions un fil plus robuste.
Ce sera peut-être pour une prochaine fois. En attendant, on a à nouveau perdu
un leurre et des mètres de fil.
Escale rapide à Ua
Pou
Juste 2 nuits et un jour pour aller visiter Manfred le
chocolatier, faire le plein de chocolat et surtout, voir s’il n’a pas une
cabosse mure qu’on puisse amener à Adolphe, car il voudrait faire de nouveaux
plants. Il y a des cacaoyers à Nuku Hiva, mais les gens cueillent les cabossent
avant qu’elles soient mures, ce qui est trop tôt pour pouvoir faire de nouveaux
plants. Rendez-vous fut pris avec Manfred et sa femme Thérèse, qui nous
attendaient.
Alors qu’on se rendait au quai j’ai une pensée pour Martin,
le local qui s’est occupé de nous pendant le festival. Aurais-je dû l’appeler
pour l’informer de notre présence ? Nous n’en avons pas eu le temps, il
nous attendait sur le quai, il nous a vu arriver ! On devra passer chez
lui en rentrant de chez Manfred.
Nous avons fait un saut dans la piscine de la cascade, qui
se trouve à mi-chemin de chez Manfred. Une eau claire et fraîche, ça fait du
bien et nous étions douchés par une petite averse au même moment.
Ce furent de chouettes retrouvailles avec Manfred et
Thérèse. Nous avions amené un gâteau, Manfred nous a fait des gaufres. Ils nous
ont raconté qu’on a loupé le reporter TV de peu. Un français est venu faire un
reportage sur le village pour « les témoins d’outre-mer » qui devrait
passer sur France 3 et France 0 en avril. Didier, un copain plaisancier
français, a fait office de client. Son chocolat est si bon, que nous sommes
tous ses clients et y retournons régulièrement se réapprovisionner.
Malheureusement Manfred n’avait plus de cabosse mure, il venait de tous les
mettre à fermenter.
Puis ce fut l’heure que Thérèse doive retourner au village, car elle s’occupe
de la pension. Manfred nous a tous conduits au village, 3km de moins à
marcher !
Nous nous sommes rendus chez Martin où nous avons fait la connaissance de sa femme. Il nous présente ses enfants en photos. Le monde est petit, sa fille vit à Ua Huka avec son ami, que nous connaissons ! Il nous avait dit que sa copine venait d’Ua Pou, mais l’île est grande, on ne peut connaitre tout le monde. Le hasard est marrant quand même.
Nous sommes repartis de chez Martin avec plein de pamplemousses ! Nous
n’avions pas à les porter, il nous les emmènerait plus tard, à l’apéro. Comme
sa femme a le mal de mer, nous allons le faire sur le quai !
Un petit tour chez Pierrot, le petit restaurant de Hakahetau,
pour profiter de sa wifi et faire un petit coucou s’imposait. Car depuis le
temps qu’on passe chez lui, il nous connaît, surtout Elina et ses portemonnaies !
Il lui en a acheté quelques-uns, il aime bien l’esprit du recyclage des briques
de lait et de jus. Elina continue de les faire depuis Grenade, et le vend le
prix d’une glace. C’était l’idée de départ des enfants dans la baie, chacun
vendant des choses utiles pour se payer leurs propres glaces. Mais Pierrot
l’avait invitée elle, son frère et sa sœur pour une glace et lui a en plus
remis l’argent ! Elle était fière ! On est repartis avec une
barquette de manioc au lait de coco cuit dans un four marquisien.
De retour au quai, c’était le temps de l’apéro avec la famille de Martin. Ce fut bien sympa, puis Didier, le client du chocolatier pour le reportage, nous a rejoints.
Retour à Nuku Hiva
Que c’est dur de quitter une île quand on connait du monde
en sachant qu’on risque de ne certainement plus y revenir. Mais il nous fallait
y aller, le lendemain c’était la rentrée scolaire.
Nous avons traîné une ligne et peu après notre départ voilà
que ça mord ! Un beau tazard (wahoo), notre premier ! L’hameçon
s’était détaché alors que la gaffe n’était pas encore bien plantée dans le
poisson. J’ai dû aller prêter main forte à Stéph en bas de la jupe en tenant le
poisson par la queue. Ceci en vitesse et sans être attachée ! Bon, la mer
était assez calme, mais quand même, la prochaine fois je pense que je mettrai
le harnais. On le voulait ce poisson, qu’il était bon !
Nous n’avons pas fait route directe contre Taiohae, nous sommes allés plus à l’est afin de pouvoir longer la côte de Nuku Hiva pour attraper un thon. Nous l’avons eu ! Peu fiers les OLENAs, grâce aux cours particuliers d’Angélo, notre congélateur est plein de poisson !
Par contre nous avons été très contrariés par des pêcheurs
industriels. Un beau gros bateau, avec hélico sur la passerelle a longé toute
la côte sud de Nuku Hiva ce dimanche. Bien entendu, comme toujours quand ils
pêchent à des endroits interdits, ils ont arrêté leur AIS. Mais depuis notre
position, nous pouvons dire qu’ils étaient à maximum 2 miles de la côte. Etant
à environ 2 mn d’eux, nous n’avons pas pu relever le nom de leur bateau. Nous
ne sommes pas les seuls à les avoir vus. Il y a des lois qui interdisent la
pêche industrielle à une certaine distance des côtes marquisiennes, ils
essayent de les élargir à 40 miles je crois. Mais comme le fond sous-marin
autour de Tahiti et des Tuamotu a été pillé comme le reste du monde, ils ne se
gênent pas de venir. C’est rare qu’ils se font choper, il y a trop peu de
contrôles et quand ça arrive, l’armateur paye la grosse amande très rapidement
et le bateau vient ancrer dans la baie, vidant les poissons afin de bien
montrer leur mécontentement. Une vraie mafia la pêche industrielle. Bientôt il
n’y aura plus de poissons, c’est dommage. Les anciens plaisanciers voient bien
la différence entre il y a quelques années et aujourd’hui. Pas qu’en pêche à la
ligne, mais aussi niveau du nombre de langoustes et autres. Car il n’y a pas
que la pêche industrielle. Les locaux font de la chasse sous-marine de nuit
afin d’avoir plus de chance et ne respectent pas toujours les règles, les
tailles, les langoustes femelles avec des œufs… Ils sont souvent d’avis
« si c’est pas moi que le prend, c’est l’autre qui le prendra ».
Comme quoi l’arrivée de l’argent et du monde moderne en Polynésie a beaucoup
changé les polynésiens ces 50 dernières années.