Ua Pou

Le mercredi, nous étions libres de nous promener entre les îles, le lendemain nous embarquions Teaki & Hervé et nous levions l’ancre pour Ua Pou, l’île voisine.

Après une jolie traversée, où nous avons quand même ramassé une vague qui a complètement trempé ceux installés à l’avant du bateau, et aucun poisson pêché, nous posions l’ancre à Hakahetau. Nous étions seuls dans la baie, j’ai eu une impression bizarre, je ne savais pas à quoi nous attendre. Serions-nous les bienvenus ?

Ce n’est pas allé long qu’une pirogue est passée nous voir et l’homme nous a demandé d’où nous venions, et nous a avertis que les gens au village avaient un peu peur. J’ai de suite téléphoné à notre ami Martin pour lui exposer les faits et l’informer qu’on ne voulait pas venir à terre effrayer les habitants. Il est de suite venu nous accueillir sur le quai, où nous avons fait un petit apéro bien sympa.

Le lendemain, le mot était déjà passé dans le village que nous venions de Nuku Hiva et étions déjà là-bas pendant le festival. Nous pouvions nous promener sans inquiéter personne. Après avoir traversé le village, nous empruntions le chemin forestier qui amène chez Manfred, notre ami le chocolatier.

A mi-chemin, nous avons fait notre stop pour se baigner à la cascade, endroit toujours aussi superbe avec une eau bien rafraîchissante. Notre visite chez Manfred & Thérèse était comme toujours pleine de rires et de bonne humeur, avec une bonne dégustation de chocolats, de mon gâteau et de la glace maison de Manfred. Glace que les hommes n’ont pas eu l’honneur de goûter, car ils sont rentrés un peu plus tôt. Hervé avait rendez-vous avec Martin pour une partie de pêche sous-marine !


Le soir, nous avions un pique-nique sur le quai avec Martin & Rose. Pierre, le frère de Martin qui est le maire délégué de la vallée, est venu nous rejoindre, ainsi qu’Eric, notre copain suisse venu nous rejoindre au mouillage. Chouette soirée où nous avons pu admirer le ballet de 4 raies mantas qui tournaient à nos pieds, attirées par la lumière du quai.

Le lendemain matin, Martin nous déposait, avec notre guide Anny à la fin d’un chemin, d’où nous avons fait un trekking jusqu’au pied du Pou Maka, l’un des pitons de l’île. Ce n’est pas le piton au plus haut sommet, mais le plus haut piton avec ses 350m. Nous avons traversé la forêt, longé une crête de fougères et passé par des points de vue superbes.

Pour notre dernière soirée, nous avions réservé un repas au restaurant chez Ti’Piero. Il faut réserver les repas, car il cuisine exprès pour nous. Il nous a concocté une triologie de poissons, 3 poissons différents préparés de 3 manières différentes, avec un gratin de fruit de l’arbre à pain et des légumes en accompagnements. Un vrai délice, Piero était chef pour les amiraux sur un bateau militaire, la bonne cuisine, il connaît.


Sauvetage d’une raie manta

Nous étions encore chez Piero que Martin m’appelle « il faut venir tout de suite, une manta s’est prise dans votre ancre de l'annexe et elle tape dans votre moteur ». Le temps d’arriver, Martin avait déjà sauté sur notre annexe et coupé la corde de l’ancre qui maintenait l’annexe loin du quai (pour la protéger de la houle qui tape contre le quai).

On devine la raie gisant sur le fond, elle bouge à peine l’une de ses nageoires. Forcément, comme on adore ces animaux, on se sentait très mal. Stéphane est parti au bateau me chercher palmes masque et tuba et une longue corde.

Etant la seule à n’avoir pas bu d’alcool, je saute à l’eau et me met à la recherche de notre ancre, pour y accrocher la corde. Ne la trouvant pas, je m’approche de la raie et constate qu’elle a 2 tours de corde autour d’une nageoire, le reste de la corde est emmêlée dans un paquet et sa tête repose sur la chaîne et l’ancre. A force de tourner, elle a tout attiré vers elle. Etant à 5m de profondeur et ne sachant pas à quelle réaction de la manta je devais m’attendre, je remonte et Stéphane repart au bateau me chercher un bloc de plongée.

Quelques minutes plus tard, je m’approche de la tête de la raie pour aller attacher une corde à une boucle de celle dans laquelle elle était emmêlée. A genoux devant sa bouche, penchée sur elle, mes doigts à 3-4 cm de sa peau, sans la toucher, j’ai réussi la manœuvre assez rapidement. La manta est restée bien tranquille, à mon grand soulagement.

A la surface, je donne le OK pour tirer la manta vers le haut. Je vois la pauvre le long du quai, tirée en hauteur par la corde, tirée au sol par le poids de la chaine et notre ancre qui pend sous elle. Je plonge avec une corde voulant y accrocher l’ancre afin de l’épargner de ce poids, mais je n’ai pas eu le temps. Martin, d’une main de maître a coupé les 2 tours de corde en un seul coup, sans blesser l’animal, et le poids de la chaine et de l’ancre a fait tomber la corde. La manta était libre et est partie tout tranquillement.

Les 2 soirs précédents, nous étions ancrés de la même façon les mantas tournaient sans incident. Il a fallu que ça arrive le jour où nous n’étions pas à côté de l’annexe. A présent, nous amarrons l’annexe différemment afin que ça n’arrive plus.

 

Assencion à Ua Pou

Notre week-end prolongé là-bas nous a tant fait de bien, le changement d’air rechargé nos batteries internes, qu’on a pu résister d’y retourner 3 jours plus tard, pour le week-end prolongé de l’Assencion. Nos amis nous commandaient des légumes, qu’on achetait suivant disponibilité au marché, pour les leur amener.

On a attrapé 2 thons en venant, on a donné l’un d’eux à Martin lorsqu’il est venu chercher ses légumes. Thérèse quant à elle, je lui avais acheté 5kg de thon au marché le matin même, Piero venait de se faire livrer 40kg de thon. On a donc gardé le 2ème pour nous.

Les îles du nord des Marquises se partagent un curé, qui se trouve à Nuku Hiva. Comme chaque village/vallée a son église et que le peuple est bien plus pratiquant qu’en Europe, ce sont des chefs de prières qui font la messe. Martin est le chef de prière à Hakahetau. Quand il est passé prendre ses légumes il nous lance « à demain 8h à la messe ! ». Il sait que nous ne sommes pas catholiques et qu’il nous était arrivé d’aller à la messe écouter les magnifiques chants polynésiens.

Après la messe, voilà que Pierre, le frère de Martin, qui est également l’instituteur du village, invite Timeo dans sa classe le lendemain. A cause du déconfinement, nos enfants scolarisés à Nuku Hiva avaient congé ce vendredi. Timeo a ainsi eu le plaisir de découvrir une nouvelle classe et se faire des nouveaux copains. Ça lui a tant plu qu’il m’a demandé s’il pourrait s’y rendre le lendemain (samedi).

On a fait un grand pique-nique près du quai avec Martin et Rose, les enfants ont joué dans la mer. Comme à chaque fois, nous passons de superbes moments en leur compagnie. Manfred est venu nous y rejoindre et passer un moment avec nous. 

Nous sommes rentrés un jour plus tôt pour éviter le vent qui tournait en face. Nous avons ramassé une sacrée houle, on s’est bien fait secouer, mais on a pu rentrer à la voile. A notre arrivée à Taiohae, on a eu un accueil à réchauffer le cœur. Les anglais d’AMELIE nous faisaient de grands signes, les suisses de MAYA c’était les « welcome » à la VHF. Ce n’est pas tous les jours qu’on a pareil accueil.

Pentecôte à Ua Pou

Là c’est clair, on fait du fret. Légumes dans un sens, chocolat dans l’autre. On ne pouvait résister de profiter du dernier long week-end pour y retourner. La distance étant d’environ 50km, on compte 5-6 heures de navigation pour s’y rendre. Bien sûr, tout dépend des conditions (vent & vagues).

Vendredi, une fois les 3 loulous à bord, on montait l’ancre ! On devait se dépêcher, car nous étions attendus pour le pique-nique du souper sur le quai !

On avait un super vent et des vagues bien agréables. Malgré nos ris, on a été très rapide, en 4 heures on y était ! Et juste avant l’arrivée, on a attrapé un thon! J’ai appelé Rose « je coupe le thon pour le poisson cru, pourrais-tu stpl préparer le lait de coco? ». Le poisson cru au lait de coco c’est une spécialité marquisienne et c’est délicieux! Martin m’a ensuite appris à le faire. Il faudra que je teste.

On se réjouissait du pique-nique, car les 2 filles de Rose & Martins étaient présentes, avec leurs compagnons, dont nous avions fait la connaissance de l’un d’eux à Ua Huka (l’île à l’est de Nuku Hiva, l’île la moins visitée des Marquises). Surprise, Joseph est venu d’Ua Huka accompagné de sœur, Marianne, que nous avions aussi fait la connaissance lors de notre séjour à Ua Huka. Quel plaisir de les revoir! Le monde est petit, tout le monde est de famille avec des autres qu’on connaît d’ailleurs, mais ça nous étonne toujours autant.

Le petit-fils de Rose & Martin a le même âge que Timeo et ils s’entendent bien. Ainsi nous avons passé, adultes comme enfants, une superbe soirée sur le quai à manger comme des rois tout en regardant le ballet des raies manta. A un moment, les 3 plus petits se sont couchés sur un matelas et se sont endormis, alors que juste à côté, l’une des raie les surveillait à chaque passage vers la surface.

J’ai contrôlé, aucune des 4 raies ne portait de trace de l’incident. J’étais soulagée.

Retour de pêche de locaux

On est retournés chez Manfred et Thérèse avec nos amis du bateau autrichien NOMAD et avons passé un bon moment. Puis c’était le moment de rentrer à Taiohae, qui pour l’instant est devenu «notre chez nous».