L’école en Polynésie se fait par bloc de 5 semaines, entre lesquels il y a des vacances afin de permettre aux pensionnaires d’éventuellement rentrer chez eux. Eventuellement, car les coûts des bateaux (voir vols pour ceux qui sont plus loin) est pris en charge par l’état seulement 2 fois par année, à Noël et en juillet. Ce pourquoi il est fréquent d’avoir des enfants en pensionnat pendant les vacances scolaires.
En route pour Ua Huka Notre trop court séjour en janvier nous a laissé sur notre faim, nous voulions y retourner. Nos amis TEMPTATION, étant restés à Tahuata et ne connaissant pas encore cette île, nous y ont rejoints pour qu’on passe quelques jours ensemble avant la grande séparation qui durera certainement plusieurs mois. La météo n’annonçait pas beaucoup de vent et de houle, mais comme le chemin était contre le tout, nous n’étions pas certains pouvoir nous y rendre directement. Nous avons essayé, c’est allé à condition de ne pas dépasser 4 nœuds de vitesse (7.4 km/h) car ça tapait trop fort sinon. Mais à cette vitesse, nous arrivions de nuit, ce que je n’aime pas trop. Petit à petit les estomacs se sont révoltés et seuls Timeo et moi étions en forme. C’est dur de voir les siens se sentir si mal et ne rien pouvoir faire pour eux alors qu’on se sent en pleine forme. Quand Cyliane me demande entre les 2 îles de s’arrêter et que je vois Stéphane endormi pour ne pas se rendre plus malade, j’ai changé de cap. Ça ne servait à rien de faire demi-tour, car on aurait dû refaire la même route par situation peut être pire, mais j’ai visé la baie sud-ouest d’Ua Huka. Alors que je voyais sur l’AIS nos amis arriver à la baie de Hane, nous allions nous abriter dans cette superbe baie protégée par les deux îles aux oiseaux. Le lendemain, nous longions l’île par mer un peu plus calme afin de retrouver nos amis Cécile, Angélo et Lenny.
Grosse pluie Ce serait la saison de la pluie, mais on n’en a pas encore beaucoup vu. Le lendemain matin, c’est tombé sans arrêt pendant plusieurs heures de suite. La baie de Hane, dans laquelle coule une rivière, est vite devenue brune. Nous voyions des cascades se créer sur les falaises entourant la baie. On en a profité pour faire le plein d’eau et de faire le tri des habits des enfants ! Ça tombait bien, ainsi on allégeait le bateau tout en donnant les habits trop petits dans une île où l’achat des habits est plus difficile qu’à Nuku Hiva, où l’on trouve plusieurs magasins vendant des habits.
Ballade dans la boue A peine la pluie finie, nous sommes allés à terre avec
TEMPTATION et avons suivi le sentier amenant au site archéologique contenant de
vieux Tikis (statuettes représentant des dieux). Nous marchons dans la boue
mais continuons de bonne humeur. C’est assez glissant et certains se retrouvent
sur les fesses ce qui fait bien rire les autres.
Petit tour sur l’île Thomas, le sympathique infirmier de l’île, nous a organisé
une voiture pour faire un tour. Nous étions 8 personnes, un pick-up ne suffisait
pas, c’est là que Pierrette entrait en jeux avec son mini-van (vous trouverez
ses contacts dans la partie cruisers information). C’est un site ressemblant aux sites archéologies avec des maraés, mais il a été entièrement créé pour les besoins du Festival des Marquises qui avait eu lieu chez eux il y a quelques années. Le thème du Festival étant « le défi », chaque île a amené des Tikis plus beaux les uns les autres. Il y avait aussi un petit musée avec plein de choses intéressantes. Vous saviez qu’ils fabriquaient des éplucheurs avec des coquilles de porcelaine ?
La prochaine halte était dans une ferme, car nous voulions visiter Germain, le fils de notre ami Adolphe, et Angélo voulait acheter un demi-cochon, et le producteur de l’île c’est Germain. C’était une visite surprise pour lui, mais il nous a accueilli à bras ouverts et nous a montré ses chèvres, ses nouvelles poules pondeuses, qui se promènent entre les arbres fruitiers et ses cochons. Dur dur pour nous de voir le cochon vivant que nous aurions le lendemain au repas de midi. Je n’étais pas certaine que les filles allaient en manger, mais elles l’ont mangé comme tout le monde. Les enfants ont eu plaisir aux animaux et ont porté et caressé les poules. Cyliane m’a dit « c’est chouette, c’est un peu comme dans une ferme » ! Avec notre esprit européen, on peine à comparer ces enclos à animaux à une ferme comme on en a chez nous. Germain nous a remis des œufs de sa production, c’était de tous petits œufs de jeunes poules car il vient de commencer la production. Nous en avons amené un paquet à Adolphe, ça lui a fait plaisir.
Hokatu Une seconde visite de Hokatu s’imposait. La ballade est bardée de superbes vues. On y voit les chevaux, les chèvres et même les anguilles dans la rivière. Le magasin de l’artisanat était ouvert, Cyliane et moi avons achetés des Tikis en souvenir. Puis une mamie (ici on nomme les gens âgés mamie et papi) nous a amené vers des pamplemoussiers pour qu’on se serve, car les habitants les laissent pourrir. Nous avons fait les 4km de marche du retour avec plusieurs dizaines de kilos de pamplemousses répartis entre nous 8. Eh oui, chaque enfant en portait un, qui faisait bien plus d’un kg/pièce !
Route sur Ua Pou Ce fut déjà le temps de se quitter, TEMPTATION retournant à
Hiva Oa / Tahuata et nous à Ua Pou, malgré l’invitation à un grand kai kai
(buffet) organisé dans l’île où plusieurs nous ont demandé d’y participer.
Escale rapide à Ua Pou Juste 2 nuits et un jour pour aller visiter Manfred le chocolatier, faire le plein de chocolat et surtout, voir s’il n’a pas une cabosse mure qu’on puisse amener à Adolphe, car il voudrait faire de nouveaux plants. Il y a des cacaoyers à Nuku Hiva, mais les gens cueillent les cabossent avant qu’elles soient mures, ce qui est trop tôt pour pouvoir faire de nouveaux plants. Rendez-vous fut pris avec Manfred et sa femme Thérèse, qui nous attendaient. Alors qu’on se rendait au quai j’ai une pensée pour Martin, le local qui s’est occupé de nous pendant le festival. Aurais-je dû l’appeler pour l’informer de notre présence ? Nous n’en avons pas eu le temps, il nous attendait sur le quai, il nous a vu arriver ! On devra passer chez lui en rentrant de chez Manfred. Nous avons fait un saut dans la piscine de la cascade, qui se trouve à mi-chemin de chez Manfred. Une eau claire et fraîche, ça fait du bien et nous étions douchés par une petite averse au même moment. Ce furent de chouettes retrouvailles avec Manfred et
Thérèse. Nous avions amené un gâteau, Manfred nous a fait des gaufres. Ils nous
ont raconté qu’on a loupé le reporter TV de peu. Un français est venu faire un
reportage sur le village pour « les témoins d’outre-mer » qui devrait
passer sur France 3 et France 0 en avril. Didier, un copain plaisancier
français, a fait office de client. Son chocolat est si bon, que nous sommes
tous ses clients et y retournons régulièrement se réapprovisionner.
Malheureusement Manfred n’avait plus de cabosse mure, il venait de tous les
mettre à fermenter.
Nous nous sommes rendus chez Martin où nous avons fait la
connaissance de sa femme. Il nous présente ses enfants en photos. Le monde est
petit, sa fille vit à Ua Huka avec son ami, que nous connaissons ! Il nous
avait dit que sa copine venait d’Ua Pou, mais l’île est grande, on ne peut
connaitre tout le monde. Le hasard est marrant quand même. Un petit tour chez Pierrot, le petit restaurant de Hakahetau, pour profiter de sa wifi et faire un petit coucou s’imposait. Car depuis le temps qu’on passe chez lui, il nous connaît, surtout Elina et ses portemonnaies ! Il lui en a acheté quelques-uns, il aime bien l’esprit du recyclage des briques de lait et de jus. Elina continue de les faire depuis Grenade, et le vend le prix d’une glace. C’était l’idée de départ des enfants dans la baie, chacun vendant des choses utiles pour se payer leurs propres glaces. Mais Pierrot l’avait invitée elle, son frère et sa sœur pour une glace et lui a en plus remis l’argent ! Elle était fière ! On est repartis avec une barquette de manioc au lait de coco cuit dans un four marquisien. De retour au quai, c’était le temps de l’apéro avec la famille de Martin. Ce fut bien sympa, puis Didier, le client du chocolatier pour le reportage, nous a rejoints.
Retour à Nuku Hiva Que c’est dur de quitter une île quand on connait du monde en sachant qu’on risque de ne certainement plus y revenir. Mais il nous fallait y aller, le lendemain c’était la rentrée scolaire. Nous avons traîné une ligne et peu après notre départ voilà que ça mord ! Un beau tazard (wahoo), notre premier ! L’hameçon s’était détaché alors que la gaffe n’était pas encore bien plantée dans le poisson. J’ai dû aller prêter main forte à Stéph en bas de la jupe en tenant le poisson par la queue. Ceci en vitesse et sans être attachée ! Bon, la mer était assez calme, mais quand même, la prochaine fois je pense que je mettrai le harnais. On le voulait ce poisson, qu’il était bon ! Nous n’avons pas fait route directe contre Taiohae, nous sommes allés plus à l’est afin de pouvoir longer la côte de Nuku Hiva pour attraper un thon. Nous l’avons eu ! Peu fiers les OLENAs, grâce aux cours particuliers d’Angélo, notre congélateur est plein de poisson ! Par contre nous avons été très contrariés par des pêcheurs industriels. Un beau gros bateau, avec hélico sur la passerelle a longé toute la côte sud de Nuku Hiva ce dimanche. Bien entendu, comme toujours quand ils pêchent à des endroits interdits, ils ont arrêté leur AIS. Mais depuis notre position, nous pouvons dire qu’ils étaient à maximum 2 miles de la côte. Etant à environ 2 mn d’eux, nous n’avons pas pu relever le nom de leur bateau. Nous ne sommes pas les seuls à les avoir vus. Il y a des lois qui interdisent la pêche industrielle à une certaine distance des côtes marquisiennes, ils essayent de les élargir à 40 miles je crois. Mais comme le fond sous-marin autour de Tahiti et des Tuamotu a été pillé comme le reste du monde, ils ne se gênent pas de venir. C’est rare qu’ils se font choper, il y a trop peu de contrôles et quand ça arrive, l’armateur paye la grosse amande très rapidement et le bateau vient ancrer dans la baie, vidant les poissons afin de bien montrer leur mécontentement. Une vraie mafia la pêche industrielle. Bientôt il n’y aura plus de poissons, c’est dommage. Les anciens plaisanciers voient bien la différence entre il y a quelques années et aujourd’hui. Pas qu’en pêche à la ligne, mais aussi niveau du nombre de langoustes et autres. Car il n’y a pas que la pêche industrielle. Les locaux font de la chasse sous-marine de nuit afin d’avoir plus de chance et ne respectent pas toujours les règles, les tailles, les langoustes femelles avec des œufs… Ils sont souvent d’avis « si c’est pas moi que le prend, c’est l’autre qui le prendra ». Comme quoi l’arrivée de l’argent et du monde moderne en Polynésie a beaucoup changé les polynésiens ces 50 dernières années.
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